Les Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) ont formellement démenti, samedi, les informations faisant état d’un prétendu retrait des éléments de la coalition AFC/M23/RDF de la ville d’Uvira et de ses environs, qualifiant cette annonce de “simple coup médiatique” destiné à tromper l’opinion nationale et internationale.
Dans une communication officielle rendue publique par l’État-major général, les FARDC estiment que ce supposé retrait ne correspond nullement à la réalité du terrain et révèle, une fois de plus, la mauvaise foi du Rwanda dans l’exécution de ses engagements, notamment ceux pris dans le cadre de l’Accord de paix de Washington.
Un effet d’annonce sans impact réel sur le terrain
Selon l’armée congolaise, cette manœuvre viserait à détourner la pression internationale croissante qui pèse sur Kigali, en instrumentalisant la confiance des médiateurs américains et qataris. Or, sur le terrain, les faits observés par les ONG de défense des droits humains, la société civile et les populations locales contredisent formellement toute idée de retrait effectif.
Les FARDC font état d’une présence visible et continue des combattants du M23/AFC, appuyés par l’armée rwandaise, dans plusieurs quartiers stratégiques d’Uvira. Des militaires rwandais y seraient aperçus en tenue de la police rwandaise, parfois en civil, notamment au centre-ville, au port de Kalundu ainsi qu’à la frontière congolaise avec le Burundi.
Barrières illégales, exactions et activités militaires nocturnes
Le communiqué évoque également le maintien de barrières et de postes de contrôle érigés par ces groupes armés, entravant la libre circulation des personnes et des biens. Aucune relève par les forces régulières congolaises n’a été constatée, confirmant l’absence totale d’une rétrocession effective des positions aux FARDC ou aux forces de sécurité locales.
Plus grave encore, l’armée congolaise dénonce une série d’exactions : intimidations, menaces, extorsions, arrestations arbitraires et actes de torture à l’encontre des populations civiles d’Uvira et de ses environs. Des activités militaires nocturnes, caractérisées par des patrouilles armées et des mouvements suspects, continuent également d’être signalées.
Des redéploiements tactiques, pas un retrait
Les FARDC précisent que la petite unité filmée lors de l’annonce du retrait ne s’est en réalité que redéployée. Une partie des éléments se serait dissimulée dans les collines des Moyens et Hauts Plateaux d’Uvira, tandis que d’autres auraient pris la direction des Hauts Plateaux de Fizi pour tenter une jonction avec les groupes Twirhwaneho et Red Tabara. D’autres encore chercheraient à contourner les positions des FARDC.
Sur le terrain, les combats se poursuivent. Avant-hier, hier et ce samedi encore, des affrontements ont opposé les FARDC à l’armée rwandaise à Kasekezi, localité située à environ 35 kilomètres au sud d’Uvira, sur l’axe menant vers Baraka.
Les propres aveux du M23
Les FARDC soulignent par ailleurs qu’une vidéo virale du porte-parole de l’AFC/M23, Willy Ngoma, confirme cette réalité. Celui-ci y déclare sans ambiguïté que “jamais, jamais l’AFC/M23 ne laissera la ville d’Uvira”, rendant incohérente toute communication sur un retrait alors que les combats se poursuivent dans et autour de la ville.
Un appel pressant aux médiateurs et à la communauté internationale
Face à ce qu’elles qualifient de stratégie habituelle de subterfuges et de tromperie du Rwanda, les FARDC exhortent les négociateurs américains et qataris, ainsi que l’ensemble de la communauté internationale, à ne pas se laisser abuser par ces déclarations qu’elles jugent mensongères.
L’armée congolaise rappelle que cette attitude constitue une violation flagrante de l’Accord de Washington et de la Résolution 2773 du Conseil de sécurité des Nations unies.
Rassurer la population et restaurer l’autorité de l’État
Enfin, les FARDC rassurent les habitants d’Uvira et de ses environs que tout est mis en œuvre pour restaurer l’autorité de l’État et assurer la protection des civils. Elles appellent la population à la vigilance et à collaborer avec les services compétents en signalant tout mouvement suspect.
“La vérité du terrain finira toujours par triompher des effets d’annonce”, conclut le communiqué signé par le général-major Sylvain Ekenge Bomusa Efomi, porte-parole des FARDC.
Le Tremplin