En visite ce samedi 8 novembre 2025 dans deux établissements carcéraux de la Tshopo, le camp de détention d’Osio, à 17 kilomètres de Kisangani, et la prison centrale de Kisangani, le ministre de la Justice et Garde des Sceaux, Guillaume Ngefa Atondoko, a dressé un constat accablant sur l’état du système pénitentiaire congolais.
À Osio, infrastructure construite en 1956 pour accueillir 1 500 détenus, le ministre a découvert un site en ruine qui ne compte aujourd’hui que 69 pensionnaires. Non pas par manque de condamnés, mais faute de conditions minimales de détention. “Ce site vétuste n’a jamais été réhabilité”, a-t-il regretté sur son compte X.
Les conditions y sont d’une précarité extrême : absence d’eau potable, bâtiments insalubres, infrastructures délabrées. Les détenus doivent parcourir près de trois kilomètres pour s’approvisionner en eau, une réalité qui illustre la profondeur de la crise humanitaire dans les prisons congolaises.
Les agents pénitentiaires ne sont pas épargnés : beaucoup vivent sans salaire régulier, certains même sans aucun revenu. Autour du camp, la population du village d’Osio, autrefois soutenue par les activités économiques du centre, subit elle aussi les effets de ce déclin.
Plus tard dans la journée, à la prison centrale de Kisangani, fondée en 1925 pour 500 détenus et aujourd’hui bondée avec 1 166 prisonniers, Guillaume Ngefa a été confronté à une autre facette du drame carcéral : la surpopulation.
Entre promiscuité extrême, manque d’eau potable et absence de soins médicaux adéquats, le ministre a entendu le cri de détresse du chef des détenus : “Les médecins sont là, mais sans médicaments, comment peuvent-ils nous soigner ?”
Profondément marqué, le ministre a réaffirmé son engagement pour une réforme de fond :
Je m’engage, en tant que ministre de la Justice, à faire de la dignité carcérale une priorité nationale. Réformer, c’est restaurer l’humanité.
Cette double visite met en lumière l’ampleur du défi auquel fait face le système pénitentiaire congolais. Entre infrastructures héritées de l’époque coloniale, surpopulation chronique et manque de ressources, les prisons du pays peinent à remplir leur rôle de réinsertion sociale.
Pour Guillaume Ngefa, il est temps d’inscrire la réforme pénitentiaire dans une approche à la fois humaine, digne et structurelle. L’État, insiste-t-il, a le devoir de garantir des conditions de détention conformes aux droits fondamentaux.
Reste désormais à transformer cette prise de conscience politique en actions concrètes : rénovation des établissements, amélioration de la ration alimentaire, dotation en médicaments et désengorgement des cellules.
Pour beaucoup, la visite du ministre à Osio et Kisangani marque peut-être le début d’un tournant. Celui d’une justice congolaise qui, au-delà des textes, entend replacer la dignité humaine au cœur de ses prisons.
Le Tremplin