Le ministre des Sports et Loisirs, Didier Budimbu, a annoncé sur son compte X avoir reçu une offre spontanée d’une société turque pour équiper toutes les sélections nationales. Une initiative qu’il présente comme un signe de “l’attractivité croissante de la RDC sur la scène internationale”. Mais dans les milieux sportifs, la nouvelle ne passe pas sans débat.
Une marque inconnue au bataillon
La société X-KRIPT, citée dans les échanges, est inconnue dans l’univers du sport mondial. Son design est jugé amateur et son image, loin des standards internationaux.
“La RDC ne peut pas prétendre améliorer sa visibilité sportive avec une marque sans notoriété”, commente un observateur du secteur.
Derrière la question esthétique, c’est aussi l’image du pays qui est en jeu. Car aujourd’hui, les marques de sport incarnent bien plus que la performance : elles véhiculent des valeurs, des identités et une culture mondiale.
Des géants qui inspirent
De Nike à Adidas, en passant par Puma, Under Armour ou New Balance, les grands équipementiers sont devenus de véritables icônes culturelles. Ces marques investissent dans l’innovation, le sponsoring et la communication, créant une symbiose entre sport, lifestyle et économie.
"L’habillement des Léopards doit s’inscrire dans cette logique mondiale de qualité et de visibilité”, insiste un spécialiste contacté par Le Tremplin.
Et si la solution était congolaise ?
Plusieurs voix plaident pour une solution locale. Dans la vision du président Félix-Antoine Tshisekedi, “créer des millionnaires congolais”, certains estiment que ce marché devrait profiter aux entrepreneurs nationaux.
Le nom de Gege Kizubanata revient souvent. Sa marque GK Sport a déjà équipé plusieurs sélections et clubs africains, avec un design soigné et une finition reconnue.
La photo de 2023 montrant le chef de l’État posant aux côtés du président de la Fédération de basketball sur fauteuil avec la marque GK sport peu avant les Jeux paralympiques d’Accra n’est pas moins présentable que la marque turque.
Un vieux débat relancé
Le projet d’uniformiser les tenues des Léopards ne date pas d’hier. L’ancien ministre Claude-François Kabulo l’avait déjà évoqué en 2023, sans suite concrète.
Aujourd’hui, alors que les partenariats avec Monaco ou Barcelone peinent à produire des effets visibles, cette nouvelle initiative ravive les inquiétudes sur la transparence et la cohérence des choix.
“Les décisions impopulaires finissent toujours par desservir le chef de l’État”, prévient un ancien cadre du ministère.
Vers une décision concertée ?
Les observateurs appellent à une concertation entre le ministère, les fédérations et les experts avant toute signature. Au-delà du contrat, c’est l’image du sport congolais et la valorisation du savoir-faire local qui sont en jeu.
Le ministre Budimbu a ouvert le débat. Reste à voir s’il tranchera en faveur de la visibilité internationale ou de la fierté nationale.
Le Tremplin
