Dans une démarche rare mais salutaire, le député national Guy Mafuta Kabongo a interpellé le ministre de la Santé publique, Hygiène et Prévention sur un phénomène qui prend une ampleur inquiétante à Kinshasa : la multiplication des interventions esthétiques de type “Brazilian Butt Lift” (BBL), réalisées dans des conditions souvent douteuses.
Dans une question d’actualité déposée le mercredi 12 novembre à l’Assemblée nationale, l’élu du peuple dénonce la prolifération anarchique de ces pratiques, transferts de graisse et injections à visée fessière, opérées non seulement dans certaines cliniques et centres médicaux, mais aussi dans des “ boutiques médicales” sans autorisation ni supervision sanitaire.
Depuis un temps, il est observé un foisonnement d’interventions chirurgicales esthétiques, notamment celles dites Brazilian Butt Lift, sous le regard inactif de l’autorité frisant une acceptation, écrit l’honorable Mafuta dans sa correspondance officielle.
L’élu de Tshikapa souligne les risques sanitaires majeurs encourus par les patientes : infections, embolies, séquelles graves, voire décès. Il interroge le gouvernement sur l’absence apparente de régulation dans un secteur où la manipulation du corps humain exige rigueur et éthique.
Parmi les points sur lesquels il exige des éclaircissements, figurent : la légalité de ces pratiques sur le sol congolais ; la liste des structures agréées et leur plateau technique ; les qualifications des praticiens ; les examens médicaux et psychologiques préalables imposés aux patientes ; ainsi que les mesures de contrôle, d’évaluation et de sanction prévues par le ministère pour enrayer ces activités clandestines.
Quand l’esthétique devient une question de santé publique
À Kinshasa, les réseaux sociaux regorgent d’offres de transformations physiques rapides : "BBL sans douleur, résultat garanti ", promettent certaines pages. Derrière ces slogans séduisants se cachent souvent des actes chirurgicaux clandestins, pratiqués sans matériel adéquat ni personnel qualifié.
Dans un pays où les infrastructures de santé peinent déjà à répondre aux besoins de base, cette tendance soulève de sérieuses inquiétudes éthiques et médicales. Les opérations à visée esthétique, souvent perçues comme symboles de modernité, se transforment trop souvent en drames silencieux.
La responsabilité de l’État
Pour Guy Mafuta, cette question dépasse le simple cadre esthétique. Elle touche au droit fondamental à la santé et à la protection des citoyennes face à des dérives commerciales dangereuses.
Il est du devoir du gouvernement de garantir la sécurité sanitaire et de préserver l’éthique médicale dans notre pays", insiste-t-il. Le président de la Commission ECOFIN a appelé le ministre de la Santé à “faire toute la lumière” sur ces pratiques et à agir "avant qu’il ne soit trop tard”.
Cette interpellation pourrait marquer un tournant dans la régulation du secteur esthétique en RDC, si les autorités décident enfin de mettre fin à cette zone grise où le rêve de beauté côtoie la mort.
Le Tremplin