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Assemblée nationale en crise : la bataille des ambitions et des intérêts

Une tension sourde mais grandissante secoue actuellement l’Assemblée nationale de la République démocratique du Congo. À la tête de cette tempête, une pétition contre le président de la Chambre basse, Vital Kamerhe, portée par certains députés membres de l’Union sacrée (USN), majorité parlementaire issue de la mouvance présidentielle. En toile de fond : accusations graves, enjeux politiques explosifs, et une opinion de plus en plus suspicieuse quant aux véritables motivations de ce bras de fer.

Accusations officielles ou motivations officieuses ?

Les députés pétitionnaires reprochent à Kamerhe une gestion opaque, des pratiques d’intimidation, un comportement jugé traître vis-à-vis de la famille politique qui l’a porté au perchoir, et surtout un manque de loyauté. Des griefs sérieux, en apparence, qui pourraient justifier une procédure de déchéance.

Mais au-delà de ces arguments institutionnels, plusieurs voix dissidentes, notamment dans l’opposition, y voient un règlement de comptes politique bien plus profond.

 Prince Epenge (Lamuka) : "Ils veulent un président suicidaire"

Dans une sortie médiatique fracassante, Prince Epenge, cadre du mouvement Lamuka et proche de Martin Fayulu, dénonce ce qu’il considère comme un complot politique :


 L'Union sacrée n'est-elle pas à la recherche d’un président de l’Assemblée nationale inconscient et suicidaire qui peut la conduire au changement de la Constitution malgré la guerre ? Si Vital Kamerhe est incompétent, alors tous ces députés illégitimes sont aussi incompétents.

Selon lui, la volonté de l’Union sacrée serait de faire sauter Kamerhe pour ouvrir la voie à un "Yes man" capable de soutenir un agenda impopulaire : notamment, la révision de la Constitution et l’augmentation des émoluments des députés, un sujet tabou dans un pays ravagé par la pauvreté, les conflits et les catastrophes.

Une République en crise, un peuple abandonné ?

Les critiques de l’opposition s’enracinent dans un contexte national particulièrement douloureux :

110 morts à Lubero, victimes des rebelles ADF.

280 morts dans un naufrage tragique à l’Équateur.

Une misère qui pousse des millions de Congolais vers les jeux de hasard, parfois unique espoir de revenu.

Et pourtant, l’Union sacrée, selon Prince Epenge, reste "du bon côté de la mangeoire" :


Ses députés exigent l’augmentation de leur dotation, alors que la guerre fait rage […] Que les députés illégitimes de l’USN ne comptent pas sur le peuple, eux qui sont prêts à changer la Constitution pour leurs intérêts !

 Un débat sur la loyauté ou sur les principes ?

Derrière l’accusation d’"incompétence" brandie contre Kamerhe, certains observateurs estiment que ce dernier paie son refus de céder aux pressions internes, notamment en ce qui concerne l’augmentation des avantages parlementaires. Une position perçue comme une trahison par les siens, mais comme un acte de résistance par ceux qui refusent la déconnexion entre élus et citoyens.

Dans un climat aussi tendu, certains leaders, comme Prince Epenge, appellent à un dialogue national inclusif pour « sauver le pays en danger » et éviter que le débat sur une tête politique cache une crise démocratique bien plus profonde.

 Et maintenant ?

La chute de Kamerhe ouvrirait-elle la voie à un réaménagement institutionnel en faveur du régime ? Ou marquerait-elle une rupture entre la base populaire et les institutions jugées de plus en plus coupées des réalités du peuple ?

La question reste posée. Mais une chose est certaine : à l’Assemblée comme dans la rue, le climat est loin d’être apaisé.


Par la Rédaction du Tremplin



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