Cependant, cet avantage n’aura duré que deux mois. Depuis mars 2025, la majorité des administrateurs n’ont plus perçu ladite prime. Cette coupure soudaine vient briser l’élan de confiance amorcé et remet en lumière les dures réalités que vivent ces agents de l'État, pourtant essentiels à la stabilité des territoires.
D’après la correspondance administrative datée du 25 février 2025 dont une copie est parvenue à la rédaction d Tremplin, un montant de 345.504.300 francs congolais avait été domicilié pour couvrir la paie des administrateurs pour les mois de janvier et février. Cette somme faisait suite à un arriéré de trois mois (octobre, novembre, décembre 2024) également chiffré à ce montant. Ce rattrapage avait laissé espérer une régularisation durable, mais la suite des opérations n’a pas suivi.
Au-delà du retard de paiement, les conditions de travail des administrateurs de territoires soulèvent de graves préoccupations. Ils ne bénéficient ni de frais de rétrocession, ni de budget pour les conseils de sécurité, pourtant essentiels dans un contexte d’insécurité chronique dans plusieurs zones du pays. Plus alarmant encore, les primes d’itinérance, destinées à couvrir les déplacements à travers leurs vastes territoires, parfois pendant plus de 21 jours par mois, ne sont pas allouées depuis plus de deux ans. Parlant toujours de l'itinérance, plusieurs administrateurs des territoires n'ont toujours pas encore reçu la dotation des véhicules pour faciliter leur mobilité.
Privés de ressources stables et dépendants entièrement de l’administration centrale, ces agents de l'État se retrouvent désarmés pour exercer efficacement leurs missions. Or, la sécurité, la gouvernance de proximité et le développement local nécessitent des moyens conséquents. "Il est illusoire de vouloir construire un État fort sans investir à la base", commente un expert en décentralisation approché par la rédaction sous le sceau d'anonymat.
"La situation actuelle appelle une réponse structurelle. Il ne suffit pas d’initier des paiements ponctuels ou de créer des primes temporaires. Il faut une politique budgétaire cohérente, intégrant les réalités du terrain et la place capitale qu’occupent les administrateurs de territoires dans l’architecture de l’État. Le découragement de ces derniers est un signal d’alerte qu’il serait dangereux d’ignorer", a-t-il conclu.
Rédaction