Dans un contexte politique déjà électrique en République démocratique du Congo, les appels à la justice se multiplient autour du ministre de la Justice et Garde des Sceaux, Constant Mutamba. Le président des Jeunes patriotes congolais de la diaspora (JPCD), Fabrice Tshibangu, a exigé ce jeudi le gel immédiat des comptes bancaires du ministre, évoquant deux scandales financiers retentissants.
Dans une déclaration transmise depuis Bruxelles, Tshibangu a salué la demande officielle de levée des immunités de Constant Mutamba par le procureur près la Cour de cassation auprès de l’Assemblée nationale, tout en appelant à des mesures conservatoires urgentes. Selon lui, il est impératif de sécuriser les fonds et les preuves avant toute instruction judiciaire.
“Il ne s’agit pas simplement de diligenter une enquête. Il faut empêcher toute dissimulation ou fuite de capitaux avant que la vérité ne puisse éclater”, a-t-il martelé.
Un projet carcéral à 39 millions de dollars dans la tourmente
Le premier dossier explosif concerne un financement public de 39 millions de dollars destiné à la construction d’une prison à Kisangani. D’après les révélations de la Cellule nationale de renseignements financiers (CENAREF), les fonds auraient été directement manipulés par le ministre de la Justice sans la signature d’un contrat en bonne et due forme avec la société Zion, censée exécuter le chantier.
Ce marché, attribué de gré à gré dans des conditions qualifiées d’opaques, suscite de vives inquiétudes. Fabrice Tshibangu insiste sur la nécessité pour la CENAREF de remettre à la justice l’intégralité des mouvements bancaires liés à cette opération.
Des indemnités de guerre détournées ?
Autre dossier brûlant : les fonds d’indemnisation versés par l’Ouganda au titre de réparations pour les victimes de la guerre de six jours à Kisangani en 2000. Cette guerre éclair entre armées ougandaise et rwandaise avait fait des centaines de morts. Or, selon le député national Fontaine Mangala, ces indemnisations évaluées à plusieurs millions de dollars ne seraient jamais parvenues aux victimes, étant plutôt gérées de manière opaque par Constant Mutamba.
“C’est une double peine pour les victimes : elles ont souffert des horreurs de la guerre, et aujourd’hui, on leur refuse justice”, a dénoncé le leader des JPCD.
Transparence exigée : appel à une audience publique
Les Jeunes patriotes congolais de la diaspora, par le biais de leur président, ne se contentent pas d’appeler à une simple enquête. Ils réclament la tenue d’un procès public, estimant que la transparence est la seule voie capable de restaurer la confiance des citoyens dans les institutions judiciaires.
Fabrice Tshibangu appelle également à une collaboration effective entre la CENAREF, le député Mangala et les services du procureur pour fournir toutes les preuves nécessaires à la manifestation de la vérité et à l’établissement des responsabilités.
Un test pour la justice congolaise
Cette affaire pourrait devenir un révélateur du niveau d’engagement de la RDC en matière de lutte contre la corruption et pour la bonne gouvernance. Alors que l’opinion publique nationale et internationale attend des signaux clairs, la manière dont le gouvernement congolais traitera ce dossier pourrait marquer un tournant.
La question reste entière : les autorités congolaises auront-elles le courage et la volonté politique de traiter cette affaire avec rigueur, indépendance et transparence ?
En attendant les suites judiciaires, la société civile, la diaspora congolaise et des parlementaires engagés, à l’instar du député national Fontaine Mangala, demeurent en état d’alerte.
DK