Réunie en séance extraordinaire, la plénière du Sénat s’est prononcée par vote à bulletin secret : 88 sénateurs ont voté pour la levée de l’immunité, 5 contre, tandis que 3 bulletins ont été déclarés nuls. Aucun sénateur ne s’est abstenu. Ce vote massif vient confirmer les recommandations de la Commission spéciale composée de 40 membres, tous favorables à la levée des protections parlementaires de l’ancien chef d’État. C’est Carole Agito, rapporteure de ladite commission, qui a lu la résolution devant la plénière.
Une décision politique aux contours juridiques flous
Mais la décision du Sénat ne fait pas l’unanimité. Dès son annonce, plusieurs voix se sont élevées pour dénoncer ce qu’elles considèrent comme une "manœuvre politique" destinée à affaiblir Joseph Kabila, perçu comme une figure toujours influente de la vie politique congolaise.
Les critiques pointent du doigt une faille juridique : selon certains constitutionnalistes et opposants politiques, la qualité de sénateur à vie dont bénéficie Joseph Kabila découle de son statut d’ancien président de la République. Par conséquent, il ne jouirait pas des mêmes immunités que les sénateurs élus. "Le Sénat n’a aucune compétence pour statuer sur ce cas. Ce forcing institutionnel trahit une volonté manifeste de satisfaire un agenda politique", déclare un juriste proche de l’opposition.
Des accusations graves sont portées contre le Sénat, accusé d’avoir cédé à la pression du régime en place, désireux de neutraliser politiquement Joseph Kabila. Certains analystes y voient une tentative de détourner l’attention de la population face à d’autres crises, tandis que d'autres évoquent une volonté de règlement de comptes.
Vers un bras de fer institutionnel ?
La suite s’annonce incertaine. Le camp de Kabila pourrait contester la procédure devant les juridictions compétentes, voire devant les instances internationales. Dans un contexte politique tendu, cette affaire pourrait bien raviver les tensions entre les anciens alliés devenus adversaires, et réactiver les clivages au sein de la société.
Quoi qu’il en soit, la levée de l’immunité de Joseph Kabila marque un tournant dans l’histoire récente du pays. Reste à savoir si cette procédure, inédite dans son ampleur, aboutira à un procès, ou si elle sera stoppée par les controverses juridiques et les réactions politiques à venir.
Rédaction