Le mouvement politique “Sauvons la RDC” piloté par le président honoraire Joseph Kabila Kabange a publié, le 5 décembre 2025, une déclaration ferme à la suite de la signature, à Washington, d’un accord de paix entre la République démocratique du Congo et le Rwanda, sous la médiation des États-Unis. Si l’événement a été présenté sur la scène internationale comme une avancée diplomatique majeure, la plateforme congolaise estime, elle, que l’accord souffre de sérieuses insuffisances et soulève de profondes inquiétudes.
Un accord présenté comme historique, mais jugé problématique
Selon la déclaration, le peuple congolais a été réduit au rôle de “simple spectateur” face à un processus mené sans consultations nationales ni débat public. Pour le mouvement, cet accord, qui “aurait pu et dû constituer une réelle avancée” vers une paix durable dans la région des Grands Lacs, manque de légitimité, de transparence et surtout d’inclusivité.
Le mouvement pointe notamment la légitimité contestée du président Félix Tshisekedi depuis l’élection de décembre 2023, qualifiée dans la déclaration de “holdup électoral”. Selon lui, ce contexte fragilise la portée de tout engagement pris au nom de la République démocratique du Congo.
Un processus jugé opaque et non conforme aux exigences constitutionnelles
“Sauvons la RDC” reproche au gouvernement d’avoir engagé des négociations touchant à la souveraineté nationale sans consulter les forces vives, les communautés affectées ou même les institutions nationales. Cette absence de redevabilité violerait, selon la plateforme, les principes constitutionnels et les normes élémentaires de gouvernance démocratique.
Le mouvement estime que ces lacunes “portent les germes de l’inefficacité” de l’accord tout juste signé.
Un paradoxe entre diplomatie extérieure et tensions internes
Dans un autre passage, la déclaration critique le contraste entre la volonté affichée de pacifier les relations régionales et la manière dont le pouvoir gère la politique interne.
Le mouvement dénonce notamment :
la persistance des tensions communautaires,
les stigmatisations sociales,
le rétrécissement de l’espace politique,
et des pratiques décrites comme une “tyrannie aveugle” affaiblissant l’unité nationale.
Pour “Sauvons la RDC”, ignorer ces “causes profondes de la crise” rend illusoire toute perspective d’une paix durable.
La vigilance citoyenne
Fidèle à son positionnement, le mouvement conclut sa déclaration par un appel direct au peuple congolais.
Il invite les citoyens à se montrer “extrêmement vigilants”, à rester mobilisés et à poursuivre pacifiquement leur combat pour :
un Congo uni, souverain, juste, fondé sur un État de droit, et tourné vers la défense de l'intérêt général.
La déclaration est signée par plusieurs personnalités politiques et figures de la société civile, dont Augustin Matata Ponyo, Franck Diongo, Raymond Tshibanda, Jean-Claude Vuemba, André Claudel Lubaya, Seth Kikuni, Tharcisse Loseke, Théophile Mbemba, Bienvenu Matumo, Filia Tshipasa, Albert Mukulubundu et Athanase Mapessa.
La portée réelle de l’accord de Washington reste à mesurer dans les semaines et mois à venir, alors que les attentes sécuritaires à l’est du pays demeurent immenses. Les réactions internes, comme celle de « Sauvons la RDC », montrent toutefois que le consensus national autour de l’initiative de paix reste fragile.
Le Tremplin