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Narratifs de guerre et héritages politiques : Kikuni recadre Nzanga et charge Tshisekedi

 

La scène politique congolaise a été secouée ce mercredi par un échange à distance entre Seth Kikuni, figure de l’opposition, et Nzanga Mobutu, président de la NDF et héritier de l’ancien chef de l’État, Mobutu Sese Seko. Le message publié par Nzanga sur X, appelant les Congolais, en particulier les jeunes, à se mobiliser contre la désinformation, a suscité une réaction musclée de Kikuni, qui y a vu une tentative voilée de réhabilitation du mobutisme.


Dans un texte dense, Nzanga Mobutu est revenu sur l’invasion du Zaïre de 1996-1997. Il y a affirmé que le Rwanda avait alors “remporté la guerre de la communication”. Selon lui, cette domination narrative aurait affaibli la capacité du pays à se défendre sur la scène internationale, contribuant à l’isolement du régime de l’époque.


Il établit ensuite un parallèle avec la situation actuelle à l’Est, comparant le rôle du M23 à celui de l’AFDL, et mettant en garde contre “une cinquième colonne” alliant offensives armées et manipulation informationnelle. Son message se veut un “appel patriotique” invitant les jeunes à la vigilance face à la désinformation en ligne.


En revanche, pour Seth Kikuni, les propos de Nzanga Mobutu dépassent largement la simple alerte sur la bataille médiatique. Dans une réponse tranchante, il accuse l’ancien vice-premier ministre de chercher à “béatifier Mobutu”, qu’il qualifie de “dictateur sanguinaire notoirement connu”.


Selon Kikuni, instrumentaliser la guerre pour embellir l’héritage du maréchal relève d’une “aberration historique”. Il considère que les crises actuelles trouvent aussi leurs racines dans les faiblesses accumulées sous le régime du MPR, et qu’”en faire aujourd’hui un modèle” serait politiquement dangereux pour une nation en quête de reconstruction institutionnelle.


Au-delà de la figure de Mobutu, Seth Kikuni élargit son propos à la gouvernance actuelle. Il estime que le président Félix Tshisekedi se retrouve aujourd’hui “au cœur de la crise” qui secoue le pays, évoquant une ligne stratégique “ brouillée”, des décisions “contradictoires” et une incapacité à anticiper les évolutions régionales.


La chute d’Uvira est présentée comme le symbole d’un commandement militaire fragilisé. Kikuni accuse par ailleurs le chef de l’État de rechercher des soutiens extérieurs, notamment Donald Trump et l’Émir du Qatar, pour pallier les limites de sa stratégie nationale. Une démarche qu’il juge révélatrice d’un pouvoir “déconnecté du terrain”.


Selon lui, la responsabilité politique, stratégique et morale du président est engagée, et il l’invite à “ tirer toutes les conséquences” de la situation.

Deux lectures opposées, un même constat d’urgence

Malgré leurs divergences profondes, Nzanga Mobutu et Seth Kikuni s’accordent sur un point : la gravité de la situation sécuritaire et informationnelle du pays. L’un appelle à l’unité et à la vigilance dans la guerre des récits ; l’autre dénonçe les récupérations politiques et met en cause la gouvernance actuelle.


Ces échanges illustrent la tension d’un moment politique où le front militaire, diplomatique et communicationnel ne cesse de s’élargir. Alors que les revers sécuritaires se multiplient, le débat public se radicalise, révélant les fractures d’une classe politique confrontée à une crise d’ampleur nationale.


Le Tremplin

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