À l’occasion du sixième anniversaire d’Ensemble pour la République, célébré le 21 décembre 2025, son président Moïse Katumbi a livré un communiqué politique de grande portée, dressant un tableau sombre de la situation sécuritaire, politique et sociale de la République démocratique du Congo (RDC), tout en appelant à un dialogue inclusif congolais et à une mobilisation nationale pour sortir le pays de la crise.
Dans ce message adressé aux Congolaises et Congolais depuis Londres, l’opposant affirme que « la RDC mérite mieux que la guerre sans fin, la peur, la misère généralisée et la confiscation de la démocratie ». Après six années d’existence, Ensemble pour la République se revendique comme le principal parti de l’opposition représenté au Parlement, assumant, selon son président, un "devoir historique" de vérité et de défense des droits du peuple.
Une guerre persistante à l’Est et une paix encore à construire
Moïse Katumbi est longuement revenu sur la situation sécuritaire dans l’Est du pays, notamment au Nord-Kivu, Sud-Kivu et en Ituri, où les populations continuent de subir violences armées, déplacements forcés et insécurité chronique. Pour lui, cette guerre " n’est pas une fatalité", mais le résultat de choix politiques désastreux et de graves défaillances de l’État.
S’il salue les initiatives diplomatiques récentes, notamment les processus de Luanda, Doha et Washington, le leader d’Ensemble estime qu’elles restent insuffisantes pour garantir une paix durable sans un traitement des causes profondes du conflit.
Le dialogue inclusif, seule voie crédible selon Ensemble
Au cœur de son message, Moïse Katumbi réaffirme que seul un dialogue inclusif, sincère et courageux peut conduire à une paix durable. Ce dialogue devrait, selon lui, réunir le gouvernement, l’opposition politique non armée, l’AFC/M23, la société civile, sous l’égide morale des confessions religieuses, en particulier la CENCO et l’ECC.
"On ne fait pas la paix avec ses amis, mais avec ceux avec qui l’on est en conflit", insiste-t-il, dénonçant toute tentative d’exclusion ou de criminalisation du dialogue.
Dérive autoritaire et violations des droits humains
Le président d’Ensemble pour la République dénonce par ailleurs une dérive autoritaire sans précédent du régime en place. Il évoque des violations massives et systématiques des droits humains, citant notamment la suspension arbitraire de partis politiques, les arrestations et détentions illégales, les enlèvements, le harcèlement des opposants, les perquisitions nocturnes sans mandat, le recours à la torture et l’instrumentalisation de la justice.
La levée du moratoire sur la peine de mort et les condamnations d’opposants constituent, selon lui, un seuil grave franchi par le pouvoir, traduisant « un régime qui a peur du peuple ».
Un État en faillite et une corruption endémique
Sur le plan socio-économique, Moïse Katumbi décrit un État en faillite, incapable d’assurer ses missions essentielles. Il dénonce une corruption généralisée, le pillage des ressources naturelles et l’enrichissement d’une minorité, pendant que près de 85 % des Congolais vivraient dans la pauvreté extrême.
Mise en place d’un Directoire national et appel à la mobilisation
Face à cette situation, Ensemble pour la République annonce la mise en place d’un Directoire national, chargé de renforcer la cohérence et l’efficacité du parti, mais aussi de prendre contact avec toutes les parties, sans exclusion, à l’intérieur comme à l’extérieur du pays, afin de bâtir des solutions consensuelles à la crise actuelle.
Enfin, Moïse Katumbi lance un appel à la mobilisation nationale, s’adressant aux forces politiques, à la société civile, aux confessions religieuses, à la jeunesse, aux femmes et à la diaspora. “Le changement est possible. L’histoire n’est jamais écrite d’avance”, affirme-t-il, assurant que son parti restera aux côtés du peuple “sans peur, sans compromission”.
Le message se conclut par des vœux pour l’année 2026 et une promesse de continuité dans le combat politique : “La liberté vaincra pour le plus grand bien de la nation”.
Le Tremplin