Le président de la République, Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo, s’est exprimé ce lundi devant les deux chambres du Parlement réunies en Congrès pour son adresse traditionnelle sur l’état de la Nation. Un discours dense, marqué par la gravité du contexte sécuritaire dans l’Est et par la réaffirmation ferme de la souveraineté de la République démocratique du Congo.
Hommage aux victimes et appel à la compassion nationale
Dès l’entame de son intervention, le chef de l’État a tenu à honorer la mémoire des victimes des violences persistantes à l’Est du pays.
Permettez-moi de m’incliner avec vous, devant la mémoire de toutes les victimes des conflits et des violences qui ont, encore cette année, endeuillé nos familles, a-t-il déclaré.
S’adressant aux déplacés, blessés et populations affectées, il a affirmé que leur souffrance “ne nous est ni étrangère ni indifférente”, réitérant l’engagement de l’État à rester à leurs côtés.
Accords de Doha et de Washington : la souveraineté congolaise non négociable
Revenant sur les récents accords de Doha et de Washington, le président Tshisekedi a coupé court aux spéculations : "Ces accords ne consacrent aucune forme de partage de notre souveraineté."
Pour lui, ces engagements diplomatiques ne sauraient être interprétés comme une concession territoriale ou politique, mais comme des mécanismes de sortie de crise fondés sur le respect du droit international et des intérêts vitaux de la RDC.
Accusations de violations rwandaises malgré l’accord
Malgré cette bonne foi, le président a dénoncé des violations immédiates des engagements pris par Kigali."Force est de constater que le Rwanda viole déjà ses engagements", a-t-il affirmé.
Il a évoqué des attaques à l’arme lourde tirées depuis la ville rwandaise de Bugarama, causant des victimes et des destructions dans les localités de Kiba, Katogota et Lubarika, au Sud-Kivu. Selon lui, ces actes rompent le cessez-le-feu et démontrent la persistance d’une guerre d’agression par procuration menée contre la RDC.
“Nous ne sommes pas face à un conflit communautaire”
Le président Tshisekedi a insisté sur la nature réelle du conflit."Qu'on ne s'y trompe pas ; nous ne sommes ni face à un simple conflit communautaire, ni devant une rébellion interne de plus."
Il s’agit, selon lui, d’une offensive visant à contester la souveraineté congolaise sur un espace stratégique, riche en minerais critiques et essentiel pour l’avenir économique du pays.
Quatre priorités pour restaurer la paix
Face à cette situation, le chef de l’État a décliné quatre axes prioritaires qui guideront l’action gouvernementale et sécuritaire dans les prochains mois :
1. Obtenir le retrait total des forces étrangères présentes illégalement sur le territoire national.
2. Couper le circuit financier et logistique de la violence, en mettant fin à l’exploitation illégale des minerais stratégiques et à la contrebande qui alimente les groupes armés.
3. Renforcer la protection des civils, en particulier des femmes et des enfants, et garantir un accès humanitaire sûr dans les zones affectées.
4. Ancrer une paix durable, en combinant fermeté militaire, développement local et réconciliation communautaire adaptée aux réalités du terrain.
Un discours d’alerte et de détermination
Ce discours sur l’état de la Nation aura été l’un des plus percutants du second mandat de Félix Tshisekedi. Il marque une étape importante dans la stratégie congolaise face à l'insécurité persistante à l'Est, tout en envoyant un signal clair à la communauté internationale : la souveraineté de la RDC n’est ni divisible ni négociable.
Le Tremplin