L’avancée spectaculaire des rebelles de l’AFC/M23, marquée par la prise de la ville hautement stratégique d’Uvira, continue de susciter de profondes inquiétudes dans l’opinion publique congolaise. Pour Jacques Ndarabu, analyste en relations internationales, cette dégradation rapide de la situation sécuritaire ne peut être dissociée du contexte diplomatique actuel, notamment du rôle des États-Unis et de la personnalité du président américain, Donald Trump.
Trump, un partenaire imprévisible ?
Selon Jacques Ndarabu, il est légitime de s’interroger sur la fiabilité de Donald Trump, souvent décrit comme versatile, notamment au regard de ses multiples revirements sur la guerre en Ukraine.
Peut-on réellement compter sur un Pacteur aussi changeant dans un dossier aussi sensible que le conflit entre la RDC et le Rwanda ?, s’interroge-t-il.
Pour l’analyste, les ambiguïtés observées dans certaines capitales occidentales pourraient, une fois de plus, mettre en péril les efforts de paix en Afrique centrale. Il estime que la communauté internationale applique deux poids, deux mesures :
Lorsque des troubles éclatent en Afrique de l’Ouest, comme récemment au Bénin, l’intervention militaire des pays de la CEDEAO est immédiate. Mais dans le cas de la RDC, les réactions occidentales se limitent, presque systématiquement, aux mêmes déclarations appelant le M23 et l’AFC à cesser les hostilités.
Après les accords de Washington : une paix qui s’effrite déjà
Le contraste est d’autant plus frappant que, quelques jours seulement après la signature des accords du 4 décembre à Washington, censés ouvrir la voie à une désescalade, la situation militaire sur le terrain s’est brutalement aggravée. Pour Ndarabu, “l’hypocrisie et la conspiration contre la RDC semblent se poursuivre”, comme si l’histoire se répétait : Mobutu a été affaibli; Laurent-Désiré Kabila a été combattu;
Joseph Kabila a fait face à une pression constante. Aujourd’hui, estime-t-il, le pays entier demeure la cible, indépendamment de la personnalité du président en fonction.
Une dernière carte pour Félix Tshisekedi ?
Face à cette spirale inquiétante, Jacques Ndarabu appelle à une introspection nationale urgente. Il estime que le président Félix Tshisekedi doit recourir à sa “dernière carte” : un dialogue inclusif.
Ce n’est plus une question politique. C’est une nécessité nationale. Il faut réunir les fils et filles du pays autour d’une même table, parler congolais, regarder la réalité en face et prendre des décisions de survie pour la nation, insiste-t-il.
Pour lui, les différents processus de paix engagés jusqu’ici ont montré leurs limites. La seule voie qui reste, affirme-t-il, est la cohésion nationale.
Entre enjeux internationaux et fragilités internes
L’avertissement de l’analyste résonne comme un rappel brutal : sans unité nationale, aucune intervention extérieure, aucune alliance diplomatique, surtout avec des partenaires aux positions fluctuantes, ne pourra garantir une solution durable au conflit dans l’Est du Congo.
La situation d’Uvira, désormais sous contrôle rebelle, pourrait n’être qu’un prélude à une aggravation plus large si des décisions fortes et inclusives ne sont pas prises rapidement.
Charles Masudi/Le Tremplin