En pleine montée en puissance avant la première édition de la Coupe d’Afrique des Nations des Sourds (CAN Sourds 2026), les Léopards sourds de la République démocratique du Congo réalisent une préparation exemplaire. Depuis plusieurs semaines, ils dominent tour à tour les différentes formations de valides qu’ils affrontent, affichant une maîtrise collective, une maturité tactique et une puissance offensive qui forcent le respect. Sur le terrain, rien ne semble pouvoir enrayer leur dynamique.
Pourtant, en dehors de la pelouse, une toute autre réalité s’impose : malgré cette série de prestations convaincantes, un doute grandit. À seulement quelques jours du départ prévu pour Libreville, leur dossier financier est toujours bloqué. Une situation incompréhensible qui menace de réduire à néant des mois d’efforts et risque de priver les joueurs d’une étape cruciale de leur préparation.
Une préparation de prestige… mais un voyage incertain
Les Léopards sourds doivent disputer, le 7 décembre à Libreville, un match amical international de haut niveau contre les Panthères du Gabon. Une rencontre inscrite dans le programme officiel de la Confédération Africaine de Football des Sourds (DAFC) et soutenue par la FECASSO, conçue pour offrir à l’équipe un cadre compétitif indispensable avant la CAN.
Mais alors que le départ approche, le blocage du dossier financier persiste, plongeant la délégation dans une incertitude totale. Les athlètes, qui avaient été encouragés par la signature de l’ordre de mission du ministre des Sports, Didier Budimbu, voient cet élan se transformer en désillusion, faute de concrétisation administrative.
Un silence incompris du ministère en charge des personnes vivant avec handicap
Autre sujet d’incompréhension : l’absence d’implication du ministère en charge des personnes vivant avec handicap. Dirigé par une personnalité elle-même issue de cette catégorie, ce ministère n’a apporté ni soutien, ni plaidoyer, ni accompagnement administratif sur un dossier pourtant emblématique de la lutte contre la discrimination et de la promotion de l’inclusion par le sport.
Un risque diplomatique inutile avec le Gabon
Côté gabonais, tout est prêt. Le président Brice Clotaire Oligui Nguema a annoncé sa présence au match et s’est engagé à prendre en charge l’hébergement de la délégation congolaise.
Mais si la RDC venait à manquer ce rendez-vous pour des raisons logistiques internes, l’impact diplomatique serait lourd : impression de désorganisation, d’incohérence institutionnelle, et de manque de considération envers les athlètes sourds. Un signal regrettable dans un contexte où la coopération sportive africaine cherche justement à se renforcer.
Un enjeu qui dépasse largement le terrain
Pour les Léopards sourds, la CAN 2026 incarne bien plus qu’une compétition : c’est une scène où ils peuvent prouver la valeur, la détermination et la résilience des athlètes congolais vivant avec handicap.
Mais leur ambition ne pourra se concrétiser que si les institutions nationales jouent pleinement leur rôle.
Aujourd’hui, une question demeure, lourde de sens : La République a-t-elle vraiment une place pour tous ses enfants, ou seulement pour certains ?
Le Tremplin