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500 bus,10000 taxis,100000 motos électriques: Kinshasa veut rouler vert sur des routes mortes

 Le gouvernement provincial de Kinshasa affiche de grandes ambitions pour la mobilité urbaine. Selon l’information venant du ministère provincial des Transports et de la Mobilité urbaine, la capitale congolaise devrait accueillir, dans les prochains mois, 500 bus électriques, 10 000 taxis électriques pour la phase 1 et 100 000 motos électriques, dans le cadre d’un partenariat signé avec le groupe vietnamien VinGroup. Les premiers engins sont attendus dès avril 2026, fruit de la mission officielle du gouverneur Daniel Bumba Lubaki au Vietnam et en Indonésie.


Sur le papier, le projet séduit. Il promet un transport plus moderne, une réduction des émissions polluantes et une réponse à la crise chronique de mobilité qui étouffe Kinshasa. Mais au-delà de l’annonce, de nombreuses interrogations subsistent, tant les défis structurels de la ville semblent, à ce stade, peu pris en compte.

Des routes inexistantes ou dégradées : le talon d’Achille

La première question, et sans doute la plus fondamentale, concerne l’état des infrastructures routières. Kinshasa souffre d’un réseau routier largement insuffisant, parfois quasi inexistant dans plusieurs communes périphériques. Les axes principaux encore praticables sont pour la plupart dans un état de délabrement avancé, tandis que les travaux de réhabilitation se font à un rythme jugé trop lent par les usagers.


Dans ces conditions, comment intégrer des milliers de nouveaux véhicules, même électriques, sans aggraver les embouteillages, l’usure accélérée des engins et l’insécurité routière ? La modernisation du parc de transport peut-elle être efficace sans un préalable incontournable : la réhabilitation et l’extension du réseau routier ?

La question sensible des motos-taxis

L’introduction annoncée de 100 000 motos électriques soulève également des inquiétudes. Aujourd’hui déjà, la gestion des motocyclistes pose problème : violations répétées du code de la route, circulation anarchique, occupation illégale des espaces publics, accès à des zones interdites, refus d’obtempérer aux injonctions des forces de l’ordre.


Sans un cadre réglementaire strict, un contrôle renforcé et une véritable politique d’organisation du secteur, l’augmentation massive du nombre de motos, qu’elles soient thermiques ou électriques, risque de renforcer le désordre urbain plutôt que de le résorber.

Écologie et salubrité : un paradoxe urbain ?

Présenté comme une solution écologique, le transport électrique pose néanmoins la question de son impact réel dans une ville confrontée à de graves problèmes de salubrité publique. Kinshasa peine déjà à gérer ses déchets ménagers, ses eaux usées et ses décharges sauvages. Qu’en sera-t-il demain de la gestion des batteries usagées, du recyclage et de l’approvisionnement énergétique, dans un contexte où l’accès stable à l’électricité reste un défi pour une grande partie de la population ?


Une vision à compléter

Le partenariat avec VinGroup et l’option du transport électrique traduisent une volonté politique de modernisation qu’il convient de saluer. Toutefois, la réussite d’un tel projet dépendra moins du nombre d’engins annoncés que de la cohérence globale de la politique urbaine : infrastructures routières adaptées, réglementation claire, formation et encadrement des conducteurs, plan énergétique et environnemental crédible.


À défaut, Kinshasa risque de voir se juxtaposer modernité technologique et chaos urbain, sans réelle amélioration du quotidien des Kinoises et des Kinois. Pour Le Tremplin, la question demeure centrale : le transport électrique est-il une solution, ou un pari prématuré dans une ville encore privée de ses fondations urbaines essentielles ?


Le Tremplin

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