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Suspensions et radiations à la FEBACO : un règlement de comptes maquillé en patriotisme

 

La Fédération de Basketball du Congo (FEBACO) a récemment frappé fort : plusieurs basketteurs congolais ont été suspendus, et quatre entraîneurs, dont l’ancienne capitaine des Léopards dames, Natacha Teba Mambengya, ont été radiés à vie des activités liées au basketball national.

Motif avancé : leur participation “sans autorisation” au Festival Giants of Africa 2025, organisé à Kigali (Rwanda) du 26 juillet au 2 août derniers, vêtus de maillots aux couleurs de la RDC.


Mais derrière la sévérité apparente de la FEBACO, nombreux voient un parfum de règlement de comptes, dissimulé derrière une prétendue instruction ministérielle.

Des sanctions sévères aux allures de vengeance

Selon la correspondance de la FEBACO, les athlètes fautifs écopent de 12 mois de suspension, à l’exception de Gloire Tambwe Mwamba, condamné à 24 mois pour récidive et refus de convocation en équipe nationale.

Les quatre entraîneurs accompagnateurs, parmi lesquels Natacha Teba Mambengya, ont été purement et simplement radiés à vie.


La Fédération justifie ces mesures en évoquant une instruction du ministre des Sports et Loisirs, Didier Budimbu, datée du 28 juillet 2025, interdisant toute participation d’athlètes congolais à des activités sportives au Rwanda. Sauf que cette justification suscite plus de questions que de réponses.

Un faux prétexte politique

D’après plusieurs sources internes à la FEBACO, Budimbu n’a jamais ordonné la radiation d’entraîneurs ou la suspension d’athlètes pour un voyage au Rwanda.

Évoquer le ministre, c’est juste une manière de légitimer la forfaiture”, confie un cadre du ministère des Sports. Le Festival Giants of Africa 2025 s’est tenu du 26 juillet au 2 août, tandis que la prétendue instruction ministérielle date du 28 juillet, donc postérieure au départ de la délégation congolaise. Punir des faits commis avant cette décision relève d’une violation flagrante du principe de non-rétroactivité de la loi.

Quand la politique s’invite sur le parquet

Derrière la décision de la FEBACO se cache, selon plusieurs sources, une manœuvre interne visant à faire taire les voix dissidentes.

La principale cible dans cette affaire : Natacha Teba Mambengya, ancienne internationale respectée, devenue entraîneure, connue pour son franc-parler et son soutien à Kammus Nshimba, candidat lors de la dernière élection controversée du bureau exécutif fédéral.


 “Si Natacha introduit son recours, on pourra revoir. Mais si elle s'entête, c’est son problème”, a confié un proche du Comité exécutif (Comex) sous le sceau d’anonymat. 

Une phrase qui en dit long sur les véritables intentions des auteurs des sanctions : intimider, contrôler, soumettre.

Des incohérences qui trahissent la mauvaise foi

Plusieurs éléments soulèvent des doutes sur la sincérité de la FEBACO :

En 2023, d’autres jeunes basketteurs congolais avaient participé au même festival sans autorisation, sans qu’aucune sanction ne soit prise.


Les organisateurs du festival, non rwandais, avaient pris en charge l’ensemble du séjour, y compris les maillots et drapeaux congolais.


“Partir sans autorisation de la FEBACO est une conséquence de son irresponsabilité”, commente une source proche du dossier.

Les démarches pour la participation de la RDC avaient pourtant débuté dès le premier trimestre 2025. La FEBACO en sait plus. 


Une Fédération à deux vitesses

Ironie du sort : alors que la FEBACO invoque la souveraineté nationale et le respect des instructions gouvernementales, son propre bureau exécutif s’est rendue coupable, à plusieurs reprises, des violations de la loi n°11/023 du 24 décembre 2011 portant sur les activités sportives et les statuts internes de la Fédération, notamment en organisant une assemblée générale en dehors du siège officiel, malgré les rappels à l’ordre du ministère.


La question se pose : comment ceux qui ont foulé aux pieds les textes peuvent-ils aujourd’hui se présenter comme les défenseurs de la légalité sportive ?

Le double standard congolais

Et si la logique de la FEBACO était appliquée à d’autres disciplines ? Que ferait la FECOFA si un club congolais engagé aux interclubs de la CAF devait affronter une équipe rwandaise ? Suspendrait-elle les joueurs et radierait-elle les dirigeants ? La comparaison illustre le caractère arbitraire et disproportionné des sanctions prises dans le basketball.

Une affaire à suivre

Ce dossier, désormais au cœur d’une polémique nationale, étaye la dérive autoritaire d’une partie du sport congolais, où la gestion personnelle prend le pas sur l’intérêt collectif. En attendant les éventuelles corrections, le public sportif congolais reste choqué de voir des carrières brisées sur fond de querelles de pouvoir.


Une chose est sûre : en prétendant défendre la discipline, la FEBACO risque d’avoir porté un coup dur au développement du basketball congolais, déjà en quête de renaissance. Le Tremplin promet de revenir sur une tentative d'escroquerie déjouée par le ministre des Sports Didier Budimbu en rapport avec le festival Giants of Africa.

A propos du festival

Giants of Africa : un projet panafricain mal compris

Créée en 2003 par Masai Ujiri (dirigeant sportif nigérian-canadien et président des Toronto Raptors) et Godwin Owinje, Giants of Africa a pour mission d’”utiliser le basketball comme un outil pour autonomiser la jeunesse africaine”.

Chaque édition rassemble des centaines de jeunes talents du continent autour du sport, de la culture, de l’éducation et du leadership.

L’édition 2025 de Kigali a réuni 320 jeunes venus de 20 pays africains, dans un esprit de fraternité et de développement.


“Le festival n’a rien de politique, il vise à inspirer les jeunes Africains à rêver grand”, rappellent les organisateurs.


Le Tremplin 


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