L’ancien ministre de la Justice, Constant Mutamba, brise à nouveau le silence depuis sa cellule. Dans une lettre datée du 9 novembre 2025 et adressée à ses enfants, l’ex-membre du gouvernement Suminwa dénonce sa détention qu’il qualifie “d’arbitraire et d’inhumaine”. Ce courrier, relayé ce dimanche par plusieurs médias congolais, intervient alors que les débats sur la politisation de la justice continuent d’alimenter l’opinion publique.
Arrêté à la suite d’une série d’accusations liées, selon ses proches, à ses prises de position critiques contre certains réseaux d’influence, Constant Mutamba affirme être victime d’un “système mafieux” qu’il dit avoir combattu durant son passage au gouvernement.
Je suis détenu arbitrairement dans un endroit où je n’ai accès ni au soleil, ni à la lumière, ni à l’air naturel, pour avoir choisi de servir notre pays, notre peuple et le Président de la République avec sincérité, dignité et loyauté, écrit-il d’un ton grave.
Dans sa lettre, l’ancien ministre s’adresse directement à ses enfants, mêlant affection et sens du devoir :
“J’espère que vous êtes en bonne santé, que vous vous levez tôt pour aller à l’école, que vous n’avez pas oublié notre hymne national Debout Congolais et la prière du Notre Père que nous récitions chaque matin.”
Mutamba dénonce ensuite un système judiciaire “au service des puissants”, qui serait devenu, selon lui, “un instrument de règlements de comptes politiques et économiques”.
“Ma condamnation injuste et illégale constitue l’acte de décès de notre justice, déjà malade, qui s’éloigne chaque jour davantage des idéaux de l’État de droit”, écrit-il.
Privé, dit-il, de soins médicaux et d’accès à ses avocats, il déclare avoir survécu à plusieurs tentatives d’empoisonnement :
“Ils ont tenté de m’éteindre, politiquement et physiquement. Ils croient m’humilier, mais ils humilient plutôt la République, l’Afrique et la fonction de ministre de la Justice que j’ai assumée avec courage, équité et patriotisme.”
Malgré les épreuves, Mutamba conclut sa lettre sur une note de dignité et d’espérance :
Soyez forts, mes enfants. C’est le chemin rocailleux que j’ai choisi : celui de la lutte pour un changement juste et équitable. Je paie avec honneur et dignité le prix de cette lutte pour le développement de notre pays et de notre continent.
Cette correspondance, la deuxième depuis sa détention, relance les interrogations sur les conditions de son incarcération et la portée politique de son arrestation. Tandis que ses partisans réclament sa libération immédiate, les autorités judiciaires n’ont, pour l’instant, fait aucune déclaration officielle sur l’affaire.
Le Tremplin