| Fernand Kambere et Tunda ya Kasende |
L’ancien secrétaire permanent adjoint du PPRD (parti est suspendu), aujourd’hui membre influent du mouvement Sauvons la RDC proche de Joseph Kabila, Ferdinand Kambere, est sorti de ses gonds sur X. En cause : des propos de Célestin Tunda Ya Kasende, ancien ministre de la Justice et ex-cadre du PPRD, aujourd’hui rallié à l’Union sacrée, qui affirmait que, sous le régime Kabila, “nous servions Joseph Kabila et non le Congo”, tout en saluant le fait que Félix Tshisekedi et son gouvernement “servent désormais la République”.
Tunda allait plus loin encore en justifiant l’idée d’une révision constitutionnelle, reconnaissant que la modification de la Constitution intervenue sous le FCC avait été faite “sur mesure pour Joseph Kabila”. Une déclaration jugée “hypocrite” et “insultante” par Kambere, qui a répliqué avec virulence.
“ La honte a changé de camp”
Dans une longue diatribe publiée sur X, Ferdinand Kambere n’a pas mâché ses mots. Il a accusé ceux qu’il appelle les “ anciens du PPRD et du FCC passés dans l’Union sacrée” de retourner leurs vestes par pur opportunisme politique :
Hier, ils acclamaient le Raïs Joseph Kabila Kabange par intérêt, non par conviction ; aujourd’hui, ils flattent Félix Tshisekedi par réflexe de survie politique, alors que le pays s’effondre sous leurs applaudissements serviles.
Pour le proche de Kabila, la traversée de figures comme Tunda n’a “rien apporté à la République” et symbolise l’échec moral d’une certaine classe politique : “Tout est mensonge et mascarade. Car pendant qu’ils crient “Fatshi Béton”, la guerre s’étend, la misère s’enracine et la dignité nationale s’effrite.”
Kambere a tenu à rappeler, non sans nostalgie, le bilan de Joseph Kabila, qu’il crédite d’avoir “ réuni un pays disloqué”, “ remboursé 14 milliards de dette extérieure” et “lancé les cinq chantiers qui ont sorti la RDC du chaos”. À l’inverse, il décrit la période actuelle comme celle d’un État fragmenté, surendetté et miné par la corruption.
Un échange aux relents de règlement de comptes
La charge de Kambere s’apparente autant à une défense du bilan Kabila qu’à une dénonciation des “ transfuges” du FCC. L’ancien cadre du PPRD va jusqu’à comparer la mouvance actuelle de l’Union sacrée à une “comédie politique”, répétition d’un cycle de flatterie sans conviction :“Hier : “Ye meyi…” ; aujourd’hui : “Fatshi Béton !” La même comédie, les mêmes acteurs, mais un pays plus pauvre, plus divisé, plus dépendant que jamais.”
Et de conclure, dans un ton quasi biblique :
“Même les pierres crient déjà que leur vacarme n’efface pas la vérité. Leur désertion n’est pas une perte. C’est un soulagement.”
Cet échange entre deux anciens compagnons de route du FCC illustre les profondes recompositions à l’œuvre sur la scène politique congolaise.Alors que Célestin Tunda salue le “changement” impulsé par Félix Tshisekedi, Ferdinand Kambere, lui, y voit une trahison doublée d’un opportunisme politique.
Entre nostalgie du “Raïs bâtisseur” et adhésion au “Congo d’abord” prôné par l’Union sacrée, le débat semble désormais dépasser les personnes pour cristalliser deux visions opposées du pouvoir : celle de la fidélité et celle de la réinvention.
Le Tremplin