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Accord-cadre de Doha : entre espoirs de paix, batailles narratives et enjeux diplomatiques

 

La journée du 15 novembre 2025 restera comme l’un des tournants majeurs du processus de paix en République démocratique du Congo. À Doha, le gouvernement congolais et l’AFC/M23 ont signé un Accord-cadre pour un Accord de Paix Global, présenté par toutes les parties, nationales et internationales, comme une étape décisive vers la fin d’un conflit qui ravage l’Est du pays depuis plus d’une décennie.


Derrière l’annonce officielle, les réactions se multiplient, parfois convergentes, parfois antagonistes, révélant les enjeux politiques, diplomatiques et narratifs qui se livrent autour de ce texte qualifié d’historique.

Washington salue “une avancée majeure”

Dans une adresse ferme sur X, les États-Unis ont applaudi la signature du cadre d’accord. Washington insiste sur l’engagement des deux parties à respecter le cessez-le-feu et à traiter les causes profondes du conflit.


Le Cadre prévoit notamment un Mécanisme d’échange de prisonniers, un Mécanisme de surveillance du cessez-le-feu, une amélioration de l’accès humanitaire, la restauration de l’autorité de l’État, la réintégration des combattants, le retour des déplacés, la relance économique et la justice transitionnelle.


Pour les États-Unis, ces engagements constituent “une base solide pour la paix, la stabilité et la reconstruction de la confiance”.

Paris parle “d’une véritable ouverture pour la paix”

Le Président Emmanuel Macron a également salué l’accord signé à Doha. Il le décrit comme “une lueur d’espoir pour tous après tant de souffrances”.


Le chef de l’État français remercie le Qatar pour sa facilitation et réaffirme l’engagement de la France en faveur de la stabilité régionale, en écho à la Conférence des Grands Lacs organisée à Paris en octobre dernier.

AFC/M23 : une victoire diplomatique et une bataille des récits

De son côté, l’AFC/M23, via une déclaration publiée sur X, présente le cadre d’accord comme une clarification majeure des enjeux, “contre la communication trompeuse du régime de Kinshasa”.

Son porte-parole, Benjamin Bonimpa, détaille un processus engagé depuis avril 2025, ponctué de plusieurs étapes clés :

Déclaration de principes (19 juillet 2025)

Cessez-le-feu permanent

Mécanisme de vérification du cessez-le-feu (octobre 2025)

Accord-cadre de Doha (15 novembre 2025)

Deux protocoles sont déjà opérationnels : la surveillance du cessez-le-feu et l’échange de prisonniers.

Bonimpa insiste toutefois : “Cet accord-cadre n’impose aucune clause contraignante immédiate. Rien ne change sur le terrain tant que chaque protocole n’aura pas été négocié et signé.”

Le mouvement remercie ouvertement les États-Unis, le Président Donald Trump et l’Émir du Qatar, éléments révélateurs de sa stratégie diplomatique assumée.


Le gouvernement congolais défend une “étape décisive” pour une paix juste et durable

Dans un long communiqué, le Ministère de la Communication et Médias présente l’accord comme un progrès majeur dans la quête d’une paix “juste, inclusive et durable”.


Kinshasa rappelle que l’accord s’articule autour de huit protocoles, incluant :

1. Mécanisme de libération des prisonniers

2. Mécanisme de surveillance du cessez-le-feu

3. Accès humanitaire et protection judiciaire

4. Restauration de l’autorité de l’État et réformes de gouvernance

5. Arrangements sécuritaires et DDR

6. Identité, citoyenneté, retour des réfugiés

7. Relance économique et services sociaux

8. Justice, vérité et réconciliation


Le Gouvernement insiste : il n’y aura “aucun statu quo”, affirmant sa détermination à obtenir rapidement des changements concrets pour les populations.


Il remercie le Qatar, les États-Unis, l’Union africaine et le médiateur Faure Gnassingbé, réaffirmant que la paix et la sécurité des Congolais restent la priorité absolue du Président Félix Tshisekedi.

Un accord, plusieurs lectures

Loin d’être un simple geste diplomatique, l’accord de Doha révèle plusieurs visions de la paix :

Pour Kinshasa, il s’agit d’une démarche structurée, institutionnelle, visant la restauration de l’autorité de l’État et la fin durable des hostilités.

Pour l’AFC/M23, l’accord est un cadre de négociation non contraignant, souple, et un instrument politique pour mettre en lumière ce qu’il considère comme les causes profondes du conflit.

Pour les partenaires internationaux, c’est une opportunité stratégique d’ancrer une paix durable dans la région.


Malgré les divergences de communication, une réalité s’impose : l’accord-cadre remet les deux parties sur un chemin de dialogue formel, balisé par des mécanismes précis et désormais scruté par la communauté internationale.

Un tournant, mais un long chemin devant

Si Doha marque un pas important, tous reconnaissent que la route vers la paix globale reste longue, technique et incertaine.

Les protocoles à négocier détermineront l’avenir du processus :

dispositions sécuritaires, gestion du territoire, justice transitionnelle, retour des réfugiés, relance économique…

Pour l’instant, un cessez-le-feu est en théorie maintenu, mais les populations de l’Est attendent des résultats concrets.

La signature du cadre d’accord offre une fenêtre d’espoir. Reste à savoir si les actes suivront les engagements.


Le Tremplin

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