La Fédération de Basketball du Congo (FEBACO) vient de franchir un nouveau cap dans sa gestion des divergences d’opinion. Dans une correspondance datée du 15 octobre 2025 (Réf. 020/FEBACO/SG/AK/2025), signée par le Secrétaire Général André KOMICHELO MWANA KASON et contresignée par le 1er Vice-Président Théophile BYENDA MUSHAYUMA, le statisticien Kammus Shimba, affilié au club ASB New Generation, est suspendu préventivement pour avoir, selon le Bureau Exécutif, tenu des propos irrévérencieux, discourtois et diffamatoires à l’égard de la FEBACO sur les réseaux sociaux.
Loin d’être une surprise, cette décision s’inscrit dans une longue série de tensions entre Kammus Shimba et l’actuel Comité Exécutif de la FEBACO. Ancien manager de l’équipe nationale, Shimba est tombé en disgrâce après avoir affiché ses ambitions lors des dernières élections fédérales, qui restent encore marquées par des soupçons de manipulations et d’exclusion de voix dissidentes. Le bureau exécutif de la FEBACO semble de plus en plus imperméable à la contradiction.
La suspension de Shimba, prononcée sans audition préalable, soulève plusieurs questions de fond. Le Code disciplinaire de la FEBACO évoqué (articles 3, 4, 23 du Code disciplinaire et 457 des Règlements Généraux et Sportifs) prévoit bel et bien des sanctions, mais ces dernières doivent respecter un cadre procédural strict, notamment l’audition de l’accusé avant toute mesure restrictive.
La pensée unique comme boussole ?
Au sein de la FEBACO, toute voix dissonante semble systématiquement perçue comme une menace à neutraliser. Il ne suffit plus d’être compétent, il faut également adhérer à un "schéma mental" bien défini. Ceux qui s’écartent de cette ligne sont éliminés, marginalisés ou, comme dans le cas de Shimba, suspendus.
Ce qui inquiète encore davantage, c’est l’orientation prise par le COMEX de la FEBACO, qui semble désormais considérer les réseaux sociaux comme un terrain d’infractions disciplinaires. L’on pourrait croire que les membres du Comité Fédéral sont devenus leurs propres procureurs numériques, traquant critiques et avis divergents à travers Facebook, X, WhatsApp ou Instagram.
On est en droit de s’interroger : est-ce cela, la nouvelle gouvernance sportive en RDC ? À quand l’interdiction formelle pour les affiliés d’utiliser les réseaux sociaux ? Une telle politique de la peur musellerait toute velléité d’analyse critique et viderait le débat sportif de sa substance.
Une suspension qui en dit long
La suspension de Kammus Shimba intervient alors que de nombreux acteurs du basketball national réclament une réforme en profondeur de la gestion fédérale. Au lieu d’un dialogue inclusif, c’est la répression préventive qui s’installe. Et cela ne peut que faire craindre une fermeture toujours plus grande de l’espace démocratique au sein du sport congolais.
Le basketball, en tant que discipline collective, est fondé sur l’écoute, la stratégie partagée et la cohésion. Ce sont ces mêmes principes que la gouvernance de la FEBACO gagnerait à appliquer. À défaut, l’institution risque de s’isoler davantage, et de compromettre l’avenir même du sport qu’elle prétend promouvoir.
Les autorités compétentes sont invitées à garantir la liberté d’expression des acteurs du sport congolais, tout en respectant les procédures disciplinaires légitimes. Suspendre sans entendre, c’est déjà juger sans procès.