Type Here to Get Search Results !

Baisse du taux du dollar : Une stabilité monétaire sans effets sur les prix ?

 Par la rédaction de Le Tremplin

Sur son compte X, le député national Flory Mapamboli a partagé une analyse économique qui ne laisse personne indifférent. En pleine période d’appréciation du franc congolais face au dollar américain, le député a posé une question fondamentale : « Pourquoi cette hausse de la monnaie nationale ne se traduit-elle pas par une baisse des prix sur le marché, notamment à Kinshasa ? » Une interrogation qui fait écho aux frustrations populaires, malgré les félicitations officielles sur la "bonne santé" monétaire du pays.


À noter : Flory Mapamboli n’est pas un député isolé. Il est connu pour être un proche de l’ex-ministre des Finances Nicolas Kazadi, artisan de plusieurs réformes économiques majeures durant le premier mandat de Félix Tshisekedi. Cette proximité donne à ses prises de position un poids particulier dans le débat économique national.


Une monnaie plus forte grâce à la BCC


Selon le député Mapamboli, l’appréciation du franc congolais n’est pas un phénomène fortuit. Elle est le fruit d’une combinaison d’outils de politique monétaire déployés par la Banque Centrale du Congo (BCC) dans une stratégie clairement restrictive : hausse du taux directeur, durcissement de la réserve obligatoire, opérations d’open market, et interventions ciblées sur le marché de change.


À cela s’ajoute un contexte international favorable : “ À fin juillet 2025, notre balance des biens s’est clôturée avec un excédent de 7,8 milliards USD”, indique-t-il. En clair, la RDC exporte davantage qu’elle n’importe, ce qui augmente les entrées de devises et soutient la valeur du franc congolais.


…mais des prix qui refusent de baisser


Toutefois, cette embellie monétaire ne se répercute pas sur les prix à la consommation. Dans les marchés de Kinshasa comme ailleurs, les prix des denrées alimentaires, des boissons, et d’autres produits de première nécessité restent obstinément élevés. Ce décalage suscite l’agacement du député, qui ironise :  "L’appréciation de la monnaie n’est bénéfique que lorsqu’elle se reflète sur les prix des biens et services. Si les prix ont baissé, bravo !"


Il accuse certaines autorités de se livrer à un discours triomphaliste sans fondement réel : “ Que les populistes du Gouvernement arrêtent d’abrutir notre population !” Le ton est dur, mais la critique vise un constat largement partagé par la population : la stabilité du taux de change ne se traduit pas automatiquement par une amélioration du quotidien.


L’inflation, un phénomène importé dans une économie dollarisée


Dans une économie fortement dollarisée comme celle de la RDC, l’inflation ne suit pas mécaniquement les règles de la théorie quantitative de la monnaie. Flory Mapamboli insiste : “Chez nous, l’inflation est surtout importée, parce que nous dépendons largement des biens étrangers, notamment alimentaires.” Autrement dit, même si le franc se renforce, si les prix mondiaux restent élevés ou si la chaîne logistique locale est inefficace, les consommateurs congolais ne verront pas la différence.


La stabilité actuelle des prix est donc davantage attribuée à la baisse de l’inflation mondiale qu’à une dynamique interne maîtrisée. Le député en conclut que la politique budgétaire, bien que présentement expansionniste, n’a qu’un effet marginal sur la masse monétaire, car les finances publiques fonctionnent “ sur base caisse”, c’est-à-dire au rythme réel des encaissements et décaissements.


Une leçon de compétitivité : l’exemple américain


Pour étayer son argumentation, Mapamboli cite un exemple extérieur : la récente dépréciation du dollar américain face à l’euro, conséquence des anticipations protectionnistes autour du retour de Donald Trump sur la scène politique. Cette dépréciation n’a pas généré une hausse de l’inflation aux États-Unis, mais elle a rendu les produits américains plus attractifs à l’exportation, dopant la compétitivité et la croissance.


Un parallèle qui permet au député de rappeler une réalité trop souvent oubliée : une monnaie faible ou forte n’est ni bonne ni mauvaise en soi. Ce qui compte, c’est la manière dont ses effets se répercutent dans l’économie réelle : sur l’emploi, la consommation, les exportations.


Changer de discours, changer de stratégie


Flory Mapamboli, dans cette sortie, plaide pour un discours économique plus honnête et une gouvernance plus ancrée dans les réalités du pays. L’appréciation du franc congolais est certes un succès monétaire, mais encore faut-il que ce succès soit tangible pour les citoyens.


Tant que les prix sur le marché ne baissent pas, la stabilité monétaire ne peut être présentée comme une victoire. Pour que la population en ressente les effets, il est urgent de revoir les politiques de régulation des prix, de contrôle des marges, et d’organisation des circuits de distribution. Autrement, le franc congolais peut bien grimper : les ménages, eux, continueront à s’enfoncer.



Enregistrer un commentaire

0 Commentaires
* Please Don't Spam Here. All the Comments are Reviewed by Admin.

Below Post Ad