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Nathanaël Kaniki, le médaillé d'or aux championnats d'Afrique de karaté |
Le retour triomphal des Léopards Karaté à Kinshasa, lundi 28 juillet 2025, après leur brillante participation aux Championnats d’Afrique de karaté à Abuja, a été marqué par l’émotion, la fierté… mais aussi un cri du cœur. Porté par la performance historique de Nathanaël Kaniki, le karaté congolais vient de franchir une étape inédite, mais espère désormais obtenir une reconnaissance à la hauteur de ses exploits.
Une première médaille d’or historique pour la RDC
Il a fait vibrer les couleurs nationales et retentir l’hymne congolais pour la première fois de l’histoire aux Championnats d’Afrique de karaté. Nathanaël Kaniki, jeune athlète engagé et talentueux, s’est imposé avec bravoure en finale du kumité chez les juniors (-55 kg) face à un adversaire burkinabè, sur le score serré de 2 points à 1. Grâce à lui, la RDC décroche sa toute première médaille d’or dans cette prestigieuse compétition continentale. Une médaille de bronze en équipe vient compléter le bilan de la délégation congolaise, illustrant la montée en puissance du karaté congolais.
L’appel poignant d’un champion
Malgré la joie et la fierté, Nathanaël Kaniki a profité de sa première prise de parole à Kinshasa pour livrer un message sincère et direct aux autorités congolaises :
Ça n’a pas été facile. Mais grâce à mes coéquipiers et aux entraînements auxquels nous avons été soumis, nous y sommes arrivés. C’est un réel plaisir que j’éprouve. Je n’arrive parfois pas à y croire. Mais que les autorités ne nous abandonnent pas. Qu’elles nous aident, qu’elles s’occupent également du karaté. Qu’elles tournent aussi leur regard vers nous, pas seulement vers d’autres disciplines sportives.
Ce plaidoyer du champion résonne comme un appel collectif au nom de tous les pratiquants des disciplines de combat : karaté, judo, taekwondo, boxe, lutte, souvent relégués à l’arrière-plan dans les priorités sportives du pays. Pourtant, ces athlètes font preuve d’une régularité remarquable sur la scène africaine et internationale, hissant haut le drapeau de la RDC dans des conditions souvent précaires.
Un mérite salué, mais une reconnaissance attendue
Le président de la Fédération de karaté du Congo (FEKACO), Maître Freddy L’A Kombo, à l’aéroport de N’djili lors du retour de la délégation, a exprimé son émotion face à cette percée historique :
Il a également remercié les autorités, notamment le ministre des Sports Didier Budimbu pour les cinq billets fournis à la délégation, et Mme Pascaline Gerengo, représentante du pays à Abuja. Mais il n’a pas manqué de rappeler que cette victoire est aussi une œuvre collective, fruit d’un effort constant malgré des moyens limités.Depuis belle lurette, cette fédération se bat pour honorer ce pays. C’est pour la première fois qu’elle ramène une médaille d’or. C’est le couronnement de toute une vie dans la pratique du karaté. Ça n’a pas été facile…
Nous sommes disposés à aller très loin, à accompagner le Chef [ndlr, le chef de l’État Félix Tshisekedi] dans sa vision, celle de pacifier le pays, notamment à travers le sport dans la région des Grands Lacs. Même parmi nous, des athlètes de Goma ont brillé à Abuja en ramenant des médailles de bronze. Le Congo reste un, uni et indivisible.”
Le karaté, miroir des injustices du sport congolais ?
Ce coup d’éclat de Nathanaël Kaniki soulève, une fois encore, la question de la répartition des soutiens et investissements dans le sport congolais. Alors que le football bénéficie d’un engouement médiatique et institutionnel massif, parfois même sans résultats à la hauteur, d’autres disciplines aux résultats concrets et constants restent en marge.
Les karatékas, judokas, boxeurs, lutteurs... réclament une égalité d’attention, des infrastructures décentes, un soutien financier à la hauteur de leurs performances, et surtout, une reconnaissance nationale réelle. L’or de Kaniki ne brille pas seulement sur son cou, il éclaire le combat de tout un secteur sportif laissé en veilleuse.
Letremplinfos.com suivra de près les retombées de cette performance historique et espère que l’appel de Nathanaël Kaniki ne restera pas lettre morte. Le Congo a besoin de ses champions, et ses champions ont besoin de leur pays.