Ce projet, qui suscite la controverse, devait être financé grâce à l’indemnisation versée par l’Ouganda à la République démocratique du Congo pour les dommages causés lors de la guerre de six jours à Kisangani. Plusieurs voix s’élèvent pour dénoncer ce qu’elles estiment être un usage inapproprié de ces fonds, initialement prévus pour les victimes du conflit armé.
Une défense offensive
Constant Mutamba rejette fermement les accusations portées contre lui. Dans ses prises de parole publiques, le ministre affirme avoir obtenu l’aval du chef de l’État pour engager la construction de la prison, projet qu’il juge stratégique pour le système judiciaire du pays.
Sur la question de la passation du marché en procédure de gré à gré, le ministre invoque la légalité de sa démarche. Selon lui, l’autorisation tacite aurait été obtenue de la Première ministre Judith Suminwa, conformément à la loi qui considère comme accord le silence de l'autorité après un certain délai de réponse à une requête administrative.
Une campagne de déstabilisation ?
Mutamba se dit victime d’une campagne de diabolisation orchestrée par ceux qu’il qualifie de « bénéficiaires de la corruption et du détournement », contre lesquels il affirme mener une lutte constante. Bien qu’il ne le nomme jamais, ses déclarations visent de manière transparente le procureur Firmin Mvondo, qu’il accuse d’être le fer de lance d’un acharnement politique contre sa personne.
Une opinion publique divisée
Dans l’opinion publique, les avis sont partagés. Si certains voient dans cette procédure une tentative de déstabilisation d’un ministre engagé contre les pratiques mafieuses, d’autres estiment que le coût exorbitant du projet carcéral soulève des interrogations légitimes. Pour ces derniers, l’utilisation de 39 millions de dollars pour une prison dans une région encore marquée par les stigmates de la guerre constitue une provocation, d’autant plus que ces fonds étaient censés réparer les souffrances des victimes.
Alors que la justice se met en branle, l’affaire promet de faire grand bruit dans les semaines à venir, posant une fois de plus la question de la gestion des deniers publics et de la responsabilité des hauts fonctionnaires en RDC.
Charles Masudi