Il devait être une parenthèse salutaire, un outil de transition, un garant de neutralité. Le Comité de Normalisation (Conor), mandaté par la FIFA pour ramener l’ordre dans le football congolais, est aujourd’hui devenu le symbole de la confusion qu’il prétendait combattre.
Depuis plusieurs semaines, le processus électoral censé renouveler les instances du football national est grippé. Non pas en raison d’un contexte social ou politique défavorable, mais à cause de ceux-là mêmes qui en détiennent les clés. En première ligne, le Conor, qui multiplie les initiatives douteuses, les blocages procéduraux et les décisions incohérentes. À force de surjouer la prudence, il cultive désormais la méfiance.
L’affaire Maître Pauline Kuvukinina en est la triste illustration. Membre de la Commission de recours, désignée au nom d’une parité louable mais ici instrumentalisée, elle s’est arrogé un rôle de contre-pouvoir au sein même de la structure. Avec une légitimité fragile — à peine sept voix lors de son élection —, elle bloque, conteste, et compromet le processus électoral sans justification solide. Pire : elle fragilise les décisions du président de la commission, en pleine contradiction avec les directives de la FIFA.
Une telle posture n’est pas anodine. Elle traduit une stratégie plus large : retarder les échéances, brouiller les pistes, écarter les candidatures qui dérangent. Celle de la journaliste Butela, notamment, figure montante du football féminin, portée par une dynamique populaire, semble particulièrement visée. Une ambition dérangeante pour certains réseaux souterrains qui préfèrent verrouiller plutôt qu’ouvrir.
Mais la manœuvre ne trompe plus. Ce n’est plus de la régulation, c’est de l’obstruction. Ce n’est plus de la neutralité, c’est une prise de parti. Et c’est une dérive grave.
La FIFA a été claire : le processus doit se poursuivre. Les candidatures validées doivent être respectées. Toute tentative d’entrave constitue une violation de la mission confiée. À ce stade, le Conor ne se contente plus de faillir à son devoir : il sape délibérément l’édifice institutionnel qu’il était censé renforcer.
Le football congolais ne peut plus être l’otage d’intérêts personnels ou de calculs politiques. Il a besoin de clarté, de respect des règles et d’un engagement sincère en faveur de son avenir. Il a besoin que cesse le théâtre des commissions instrumentalisées. Il a besoin, surtout, que celles et ceux investis d’une mission d’intérêt général cessent de jouer contre leur propre camp.
Il est temps de tirer la sonnette d’alarme. Si le Conor persiste dans cette voie, il devra répondre, non seulement devant la FIFA, mais devant l’opinion publique, de son incapacité — ou de son refus — à normaliser.
Le football congolais vaut mieux que ce triste spectacle. Et l’histoire, tôt ou tard, fera le tri entre celles et ceux qui auront joué pour lui… et ceux qui auront joué contre.
Tom’s Kapaya