Le gouvernement de la République démocratique du Congo a annoncé, ce mardi, la suspension du parti politique Alliance des Travaillistes pour le Développement (ATD), dirigé par José Makila Sumanda, ancien vice-Premier ministre et figure de l’opposition. Cette décision intervient après la participation de M. Makila au conclave de Nairobi, organisé du 14 au 15 octobre 2025 par l’ancien président Joseph Kabila Kabange.
Dans l’arrêté ministériel n°25/CAB/VPM/MININTERSEDECAC/SLBJ1066/2025, signé par le Vice-Premier ministre, ministre de l’Intérieur, de la Sécurité, de la Décentralisation et des Affaires coutumières, le gouvernement justifie la suspension du parti par la participation de son président à une initiative qualifiée de “philosophie d’agression contre la République”.
Participation jugée contraire à l’unité nationale
Selon le texte officiel, le conclave de Nairobi aurait été “organisé et présidé par Joseph Kabila Kabange, condamné par la justice congolaise pour haute trahison”, notamment pour des actes considérés comme un “ralliement au mouvement d’agression mené par le Rwanda et ses supplétifs du M23/AFC”.
Le ministère estime que la participation de José Makila à cette rencontre équivaut à un acte d’adhésion à la ligne politique défendue par l’ancien chef de l’État, “de nature à porter atteinte à l’unité du pays, à l’intégrité du territoire, à l’ordre institutionnel démocratique et à la souveraineté de l’État”.
“Le fait pour Monsieur José Makila Sumanda et son parti politique ATD de rallier Monsieur Joseph Kabila Kabange dans sa philosophie d’agression est de nature à compromettre la cohésion nationale”, précise l’arrêté.
Fondements juridiques de la décision
Le gouvernement se fonde notamment sur l’article 6 de la Constitution de la République démocratique du Congo, qui consacre le pluralisme politique tout en exigeant le respect de “l’unité et de la souveraineté nationale”.
Les articles 21, 29, 30 et 31 de la loi n°04/002 du 15 mars 2004 sur l’organisation et le fonctionnement des partis politiques sont également cités, rappelant que toute activité à caractère militaire, paramilitaire ou assimilé est interdite aux formations politiques.
Un contexte de tension politique et sécuritaire
Cette suspension intervient dans un climat politique tendu, alors que Kinshasa accuse Kigali de soutenir militairement la rébellion du M23/AFC, responsable de la persistance des combats dans l’Est du pays.
Le gouvernement considère que toute initiative perçue comme un appui direct ou indirect à ce mouvement constitue un acte de trahison nationale.
Aucune réaction officielle du camp Makila
Jusqu’à présent, José Makila et son parti n’ont pas encore réagi publiquement à cette décision. Plusieurs observateurs politiques estiment cependant que cette suspension pourrait raviver le débat sur la liberté d’association et d’expression politiques en période de crise sécuritaire.
Le ministère de l’Intérieur n’a pas précisé la durée de la suspension, mais a indiqué que toute reprise des activités de l’ATD serait conditionnée au respect strict des “principes constitutionnels de loyauté envers la République”.
Le Tremplin