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Dix ans de prison pour une image TikTok : le sort controversé de l’adjudant Ebabi Sarah

 Le ministère public a requis, ce lundi, une peine de dix ans de servitude pénale principale à l’encontre de l’adjudant Ebabi Sarah, une militaire congolaise poursuivie pour avoir diffusé sur la plateforme TikTok une  photo la montrant en tenue d’uniforme, aux côtés de son futur époux. Cette image, publiée dans le cadre d’un simple “save the date” annonçant leur mariage, a rapidement fait le tour des réseaux sociaux, suscitant un vif débat au sein de l’opinion publique et des milieux juridiques.

Une image devenue affaire d’État

Dans la photo en cause, l’adjudant apparaît fièrement vêtue de son uniforme, dans une mise en scène romantique annonçant ses noces à venir. Si la publication a d’abord été perçue par beaucoup comme un geste personnel et anodin, elle a ensuite été jugée contraire aux codes de conduite militaire par sa hiérarchie.


S’appuyant sur une circulaire signée par un général interdisant l’usage de l’uniforme militaire à des fins non professionnelles, le ministère public a estimé que la militaire avait porté atteinte à la discipline et à l’image de l’armée congolaise. D’où la réquisition d’une peine particulièrement lourde : dix années de servitude pénale principale. Le verdict est attendu ce mercredi 28 octobre.

Des analystes dénoncent une sévérité disproportionnée

Pour de nombreux observateurs et juristes, cette réquisition est disproportionnée et illustre une conception inquiétante de la justice militaire. “Aucune disposition pénale ne réprime le fait pour un militaire de se marier en uniforme”, soulignent plusieurs analystes, rappelant que les mariages en tenue sont expressément autorisés par le règlement des forces armées congolaises.


Dès lors, punir une simple publication à ce titre relèverait, selon eux, d’un excès de zèle administratif plus que d’un fondement juridique solide. “Requérir dix ans de prison sur la base d’une simple circulaire, qui n’a pas force de loi, est juridiquement contestable et moralement injustifiable”, s’indigne un expert en droit militaire.

Une justice à deux vitesses ?

L’affaire soulève également la question de l’égalité de traitement entre hommes et femmes au sein des forces armées. Plusieurs internautes ont relevé que de nombreuses vidéos circulent en ligne montrant des militaires hommes congolais posant ou dansant en uniforme, parfois aux côtés de leurs épouses, sans qu’aucune sanction ne soit prononcée.

Pourquoi seulement elle ?” s’interrogent des voix critiques, dénonçant ce qu’elles perçoivent comme une justice à double vitesse et une sanction symbolique visant à “donner l’exemple” au détriment du droit.

Un test pour l’institution judiciaire

Au-delà du cas personnel Ebabi Sarah, cette affaire jette un coup de projecteur entre liberté individuelle et discipline militaire dans une ère où les réseaux sociaux bouleversent les frontières entre sphère privée et sphère professionnelle.


Le tribunal militaire, en se prononçant sur ce dossier, devra arbitrer entre l’exigence de rigueur propre à l’armée et le respect des droits fondamentaux de ses membres. Le jugement attendu ce mercredi sera scruté de près, tant il cristallise des enjeux dépassant le seul cadre disciplinaire.


Le Tremplin

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