À seulement quelques jours du coup d’envoi de la saison 2025-2026 du championnat national de football (LINAFOOT), une crise majeure secoue la sphère sportive congolaise. L’Union Nationale des Arbitres de Football Congolais (UNAFCO), à travers un communiqué officiel daté du 27 septembre 2025, a décrété une grève générale nationale des arbitres affiliés, effective dès le 22 octobre 2025. En cause : le non-paiement des primes des arbitres de la saison 2024-2025, malgré plusieurs correspondances restées sans réponse de la part de la LINAFOOT.
Une décision radicale… mais prévisible
Réunis en visioconférence, les membres du Comité Directeur de l’UNAFCO, élargi aux Présidents Provinciaux, ont unanimement acté la suspension des activités arbitrales jusqu’à la satisfaction totale des revendications. Ce mouvement de grève n’est pas un coup de tête : il est le fruit de mois d’échanges infructueux entre l’UNAFCO, la LINAFOOT, la FECOFA, et le Ministère des Sports.
Les arbitres, pourtant maillons essentiels de l’écosystème footballistique, déplorent leur précarité persistante, leur manque de reconnaissance, et l’opacité financière qui entoure la gestion des fonds alloués au championnat national.
Mais où va l’argent du championnat ?
L’une des grandes interrogations soulevées par cette crise est celle de la gestion des revenus issus du sponsoring. Depuis plusieurs saisons, Illicocash est le partenaire-titre du championnat national, lui conférant le naming officiel « Linafoot Illicocash ». Ce sponsoring devait – en principe – couvrir une bonne partie des frais logistiques, y compris la rémunération des arbitres.
Alors, comment comprendre que des primes restent impayées alors que le championnat a un sponsor principal ?
La question de la répartition des ressources devient intéressante : quels sont les critères de ventilation des fonds issus du partenariat avec Illicocash ? Qui en bénéficie ? Les clubs ? Les dirigeants ? Et pourquoi les arbitres, qui assurent l’équité et le bon déroulement des matchs, sont systématiquement relégués au second plan ?
L’arbitre : acteur invisible, mais indispensable
Le football ne peut exister sans arbitres. Leur rôle est fondamental : ils garantissent la régularité, la discipline et le respect des lois du jeu. Les négliger, c’est saper la base même de la compétition. Un championnat sans arbitres, c’est une crise d’autorité sur le terrain, une perte de crédibilité à l’échelle nationale et internationale, et un frein majeur au développement du football professionnel congolais.
Illicocash seul contre tous ?
Face à l’ampleur des besoins financiers, il devient légitime de s’interroger : Illicocash peut-il continuer à assumer seul la charge d’un championnat aussi vaste ?
Certaines voix s’élèvent déjà pour appeler à une ouverture du sponsoring à d’autres partenaires potentiels, notamment la société de pari sportif Winner, qui, selon nos informations, manifeste depuis plusieurs mois un intérêt concret à soutenir le football congolais, en complément des efforts d’Illicocash.
Repenser le modèle de financement du football congolais
La crise actuelle est aussi l’occasion de réfléchir sur le contrat de naming en vigueur. S’il se révèle insuffisant pour couvrir les dépenses essentielles, alors il devient urgent de le réviser, voire de restructurer complètement le modèle économique du championnat national.
Le football congolais ne peut pas avancer sur des bases fragiles. Il doit se doter d’un système de gouvernance financière transparent, avec des mécanismes de contrôle, de répartition équitable, et une implication plus active du secteur privé, dans un cadre de confiance et de reddition de comptes.
Ce que l’on vit aujourd’hui n’est pas qu’un simple bras de fer entre arbitres et organisateurs. C’est le symptôme d’un malaise structurel dans la gestion du football national.
Les arbitres ont tiré la sonnette d’alarme. À présent, il revient aux autorités sportives, à la FECOFA, à la LINAFOOT, et aux partenaires économiques de montrer qu’ils ont à cœur l’intérêt supérieur du football congolais. Car sans justice sur le terrain, il n’y aura ni spectacle… ni champion.
Le Tremplin