
Après plusieurs années de silence et de relative invisibilité sur la scène politique congolaise, le Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie (PPRD) de l’ancien président Joseph Kabila reprend officiellement ses activités. Réuni ce mardi 21 octobre 2025 à Kinshasa en session inter-organes, sous la direction d’Aubin Minaku, vice-président national, et d’Emmanuel Ramazani Shadary, secrétaire permanent, le parti a affiché une nouvelle posture : opposition ferme, réarmement moral, et ambition clairement affichée de reconquête du pouvoir.
Dans un communiqué diffusé par son département de communication, le PPRD a dénoncé toute velléité de modification de la Constitution du 18 février 2006, la qualifiant de “démarche suicidaire pour la nation”. Une position tranchée qui marque une rupture claire avec le silence politique qui avait enveloppé le parti depuis la fin du mandat de Joseph Kabila.
Cette sortie intervient quelques jours seulement après la création, à Nairobi (Kenya), de la plateforme politique “Sauvons la RDC”. Une initiative lancée sous l’impulsion directe de Kabila lui-même, qui semble vouloir revenir sur le devant de la scène à travers cette nouvelle structure d’opposition. Le PPRD a annoncé son adhésion pleine et entière à cette plateforme. Elle a appelé la population à s’y rallier massivement.
Un réveil stratégique ou un baroud d’honneur ?
Longtemps considéré comme le parti-Etat durant le règne de Joseph Kabila, le PPRD avait perdu de son poids politique depuis 2019, peinant à se réinventer dans un contexte où l’UDPS, devenue parti au pouvoir, maîtrise désormais les codes de l’opposition qu’elle a pratiquée pendant plus de trois décennies.
Face à cette machine bien rodée, le retour du PPRD dans l’arène soulève des interrogations : le parti a-t-il encore la capacité de mobiliser dans la rue ? Peut-il mener un véritable combat populaire, face à une UDPS qui a su, par le passé, tirer profit de ses longues années de résistance et de luttes politiques dans l’opposition ?
En affichant sa volonté de “redynamisation” de ses structures et en prônant un “ réarmement moral” de ses cadres, le PPRD entend visiblement se donner les moyens de son ambition. Mais entre l’intention politique et la réalité du terrain, le chemin est semé d’embûches. La reconquête du pouvoir par la voie démocratique, comme le clame le parti, nécessitera plus qu’un simple repositionnement : il lui faudra regagner la confiance d’une population qui l’a vu s’effacer depuis presque cinq ans.
Un test grandeur nature à venir
La véritable épreuve sera celle de la mobilisation populaire. Alors que le pays entre dans une nouvelle séquence politique tendue, sur fond de spéculations autour de réformes constitutionnelles et de tensions sécuritaires, le pari du PPRD est risqué mais potentiellement stratégique. Si la plateforme “Sauvons la RDC” parvient à fédérer les forces de l’opposition et à créer une dynamique sur le terrain, un nouvel équilibre politique pourrait émerger.
Mais encore faut-il que l’ancien parti présidentiel réussisse à transformer ses intentions en actions concrètes, et à convaincre qu’il n’est pas seulement un vestige du passé, mais un acteur politique apte à proposer une alternative crédible à l’actuel pouvoir.
L’heure est donc à l’observation. Jusqu’où ira ce défi de mobilisation populaire lancé par le clan Kabila ? Le PPRD pourra-t-il vraiment renaître de ses cendres et redevenir une force politique majeure ? Le tremplin est dressé, mais le saut reste à faire.
Tom’s Kapaya
