Par Charles Masudi
La Confédération Africaine de Football (CAF) a dévoilé ce mercredi la liste des joueurs nominés pour le prestigieux Ballon d’Or Africain. Parmi eux figure l’incontournable Fiston Kalala Mayele, attaquant congolais et véritable fer de lance du football africain local. Une nomination qui, au-delà de saluer ses performances remarquables, ravive un débat de fond : à qui doit réellement s’adresser le Ballon d’Or Africain ?
Les nominés en lice
Voici la liste complète des joueurs en course pour cette distinction :
●Frank Zambo-Anguissa
●Fiston Kalala Mayele (également nominé dans la catégorie Interclubs)
●Mohamed Salah
●Denis Bouanga
●Serhou Guirassy
●Achraf Hakimi
●Oussama Lamlioui (également nominé en Interclubs)
●Victor Osimhen
●Iliman Ndiaye
●Pape Matar Sarr
Cette liste mêle des stars évoluant dans les plus grands championnats européens et des joueurs du continent africain qui brillent dans les compétitions locales. Une diversité qui mérite réflexion.
Une problématique incontournable : à qui s’adresse le Ballon d’Or Africain ?
Depuis sa création, le Ballon d’Or Africain est censé récompenser le meilleur joueur africain de l’année. Mais que signifie "meilleur" dans un contexte où les conditions de jeu, d’exposition médiatique et d’encadrement varient drastiquement entre un joueur évoluant à Naples ou à Liverpool, et un autre sur les pelouses de Dar es Salaam, Kinshasa ou Rabat ?
L’intégration systématique de joueurs africains évoluant en Europe, aussi talentueux soient-ils, rend la compétition déséquilibrée. Face à des Osimhen ou Salah, les joueurs du continent doivent produire des performances extraordinaires pour simplement exister dans la conversation. Or, le football africain local mérite mieux qu’une place symbolique dans cette course.
Fiston Mayele, un symbole de l’élite locale
Fiston Kalala Mayele n’est pas seulement un nom dans la liste. Il incarne l’excellence du football africain basé sur le continent. Auteur d’une saison exceptionnelle avec Pyramids FC après avoir brillé au Yanga SC en Tanzanie, il a été l’un des meilleurs buteurs de la Ligue des Champions CAF et un artisan majeur de la progression de ses équipes en compétitions continentales.
Son impact est d’autant plus fort qu’il évolue dans un environnement moins médiatisé et moins doté en infrastructures. Sa nomination dans la catégorie principale, en plus de celle dédiée aux compétitions interclubs, est un signal fort… mais peut-être encore insuffisant si l’on veut véritablement valoriser et encourager le développement du football africain à la base.
Vers un Ballon d'Or dédié aux joueurs du continent ?
La CAF devrait sérieusement envisager une réforme de ses distinctions. Pourquoi ne pas réserver le Ballon d'Or Africain aux joueurs évoluant en Afrique, tandis que les stars en Europe pourraient concourir dans une catégorie distincte, telle que "Meilleur Africain à l’étranger"? Une telle approche permettrait de :
Mettre en lumière les talents du continent.
Favoriser la visibilité et l’investissement dans les championnats locaux.
Créer une véritable émulation entre clubs africains.
Donner du sens au développement sportif et économique du football africain.
Un trophée à repenser pour un continent à valoriser
La nomination de Fiston Mayele est une victoire en soi, mais elle soulève une interrogation légitime sur le sens même du Ballon d’Or Africain. Si l’objectif est de stimuler le football sur le continent, alors il est temps de réorienter les critères et de distinguer clairement ceux qui brillent sur le sol africain. Mayele, par ses performances et son parcours, mérite plus qu’une nomination. Il mérite d’être le visage d’un football africain enraciné, ambitieux et tourné vers l’avenir.