À peine le Comité olympique congolais (COC) entame le processus de convocation de son Assemblée générale extraordinaire et élective, que la machine des irrégularités se met déjà en branle. Une lettre officielle du Secrétaire général aux Sports, le Dr Body Ilonga Bompoko, datée du 15 octobre 2025, vient une fois de plus tirer la sonnette d’alarme.
Dans ce courrier clair et documenté, le numéro un de l'administration sportive congolaise accuse réception de la lettre du COC relative à la convocation de l'Assemblée générale, mais il en souligne les vices : le chronogramme transmis par Amos Mbayo, président du COC, viole les articles 10 et 13 de l'Arrêté ministériel du 26 décembre 1997. Ces dispositions régissent la procédure de dépôt des candidatures et fixent les modalités des élections dans les entités sportives nationales.
Rien de surprenant pour ceux qui suivent de près les manœuvres d’Amos Mbayo Kitenge. Le président du COC n’en est pas à sa première entorse aux textes. Lors du mandat précédent, les mêmes irrégularités avaient été dénoncées par Barthélémy Okito, alors Secrétaire général aux Sports. Rien n’avait été fait. Le ministre de l'époque était resté de marbre, piétinant l’administration publique au profit d’un individu qui défie systématiquement l’autorité de l’État.
Aujourd’hui, le même scénario semble se répéter, avec un nouveau Secrétaire général, le Dr Ilonga Bompoko, qui alerte encore une fois, dans un langage diplomatique mais ferme. Il appelle à une séance d’harmonisation pour “l’organisation d’élections crédibles, apaisées et transparentes”, comme si cela devait être un privilège, alors qu’il ne s’agit que du strict respect de la loi.
Mais Amos Mbayo sait à quoi s’en tenir. Il connaît la faiblesse de l’État congolais dans l’application de ses propres textes. Il sait que le ministre des Sports actuel, Didier Budimbu, n’a encore rien fait pour affirmer l’autorité publique dans ce secteur déjà rongé par l’anarchie.
Mbayo, lui, ne connaît qu’un seul rôle pour l’État : le guichet de financement des compétitions. Respect de la hiérarchie ? Néant. Collaboration avec l’administration publique ? Zéro. Esprit républicain ? Absent.
Il est temps pour le ministre Didier Budimbu de faire ce que ses prédécesseurs ont refusé de faire : appliquer la loi. Le COC ne peut pas continuer à fonctionner comme une république autonome, se prévalant d’une prétendue indépendance pour violer les textes de la République.
Si Amos Mbayo ose brandir l’autonomie du mouvement olympique, qu’on lui retire les financements publics. Et qu’il prouve, sans l’aide du contribuable congolais, à quel point cette autonomie peut le nourrir. Le COC n’est pas un État dans l’État. C’est une institution nationale encadrée par des lois de la République.
Il est temps que le sport congolais cesse d’être une jungle où les textes sont foulés aux pieds au nom de l’impunité. Il est temps de bâtir des institutions fortes, au lieu de continuer à fabriquer des hommes forts qui n’ont aucun respect pour les règles du jeu. L'occasion est donnée au ministre Budimbu de restaurer l’autorité de l’État dans le domaine des sports. Il ne faut pas la rater.
Charles Masudi