Une tempête secoue les relations diplomatiques entre la République démocratique du Congo (RDC) et le Brésil. En cause : la nomination controversée de Rosette Mossi Nyamale au poste d’ambassadrice de la RDC à Brasilia. Ce feuilleton, aux allures de scandale diplomatique, met à nu les dysfonctionnements criants de l’appareil diplomatique congolais et soulève des interrogations profondes sur le respect des règles élémentaires du droit diplomatique et consulaire.
Une nomination opaque et une entrée en fonction hors protocole
En novembre 2024, l’ambassadeur en fonction, temporairement rappelé à Kinshasa pour suivre le dossier de l’achat de deux immeubles destinés à l’ambassade de la RDC au Brésil et pour préparer la commission mixte RDC-Brésil, est pris de court. À son retour à Brasilia, il découvre qu’il a été unilatéralement remplacé, sans notification officielle, sans rappel ni décret présidentiel dûment publié.
Rosette Mossi Nyamale, ancienne ambassadrice en Inde pendant près d'une décennie, s’est installée à Brasilia en juillet 2025, se présentant comme la nouvelle cheffe de mission diplomatique sans avoir présenté ses lettres de créance ni respecté les procédures diplomatiques établies.
Pis encore, elle a convoqué la presse locale brésilienne, affirmant que le Brésil aurait "nommé" une nouvelle ambassadrice congolaise, une déclaration juridiquement infondée et diplomatiquement absurde : un État hôte ne nomme jamais un ambassadeur étranger sur son sol.
Une violation claire de la Convention de Vienne
La situation à Brasilia constitue une violation manifeste de la Convention de Vienne sur les relations diplomatiques (1961), que la RDC a ratifiée. Cette convention, cadre juridique fondamental des relations diplomatiques modernes, interdit formellement à un État d’accréditer deux ambassadeurs simultanément dans un même poste diplomatique.
Or, en l’absence de rappel officiel de l’ambassadeur encore en fonction et de notification formelle de remplacement par décret présidentiel, la présence de Mme Mossi Yamale à Brasilia crée un vide juridique et un conflit de légitimité diplomatique, inédit et profondément embarrassant pour la RDC.
Une crise de légitimité doublée d’un malaise moral
La démarche de Mme Mossi Nyamale est perçue, par plusieurs sources diplomatiques, comme une prise de fonction illégitime — voire un coup de force administratif orchestré dans l’ombre. Le flou autour de sa désignation, combiné à son absence de lettres de créance, remet directement en cause la légitimité de sa mission.
Son passé diplomatique suscite également des doutes : en Inde, son mandat avait été marqué par de sérieuses accusations de malversations financières, dont un détournement présumé de 200 000 dollars. Une affaire jamais élucidée, mais qui entache gravement sa réputation.
Une main politique derrière le chaos diplomatique ?
En coulisses, plusieurs sources bien informées évoquent une mainmise politique sur cette nomination. La conseillère principale du président Tshisekedi en matière diplomatique, qui n’est autre que la sœur de la ministre des Affaires étrangères, serait à la manœuvre dans cette prise de contrôle discrète mais brutale.
Ce mélange des genres, entre influences familiales, calculs politiques et absence de transparence, donne à cette affaire une tournure explosive, et renforce l’idée que la diplomatie congolaise est devenue otage d’agendas personnels et de luttes d’influence internes.
Un signal d’alarme pour la diplomatie congolaise
Cette crise révèle, une fois de plus, la fragilité structurelle de la diplomatie congolaise : nominations sans rigueur, absence de continuité dans les postes à l’étranger, confusion des rôles et politisation excessive.
La RDC, en piétinant les règles internationales qu’elle est censée défendre, affaiblit sa crédibilité à l’étranger. Ce désordre administratif, mis en lumière sur un territoire aussi stratégique que le Brésil, jette une ombre sur la coopération bilatérale, la commission mixte RDC-Brésil, et les projets diplomatiques en cours, notamment les acquisitions immobilières sensibles à Brasilia.
La diplomatie n’est pas un terrain de guerre politique
Il est urgent que les plus hautes autorités de l’État remettent de l’ordre dans l’appareil diplomatique congolais. La représentation extérieure d’un pays ne peut se faire dans l’improvisation, encore moins dans le mépris des conventions internationales.
La diplomatie n’est ni un champ de bataille politique, ni un refuge pour les ambitions personnelles. Elle doit être un espace de rigueur, de respect du droit, et de défense des intérêts stratégiques de la nation.
Analyste des relations internationales
