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RDC–Rwanda : 30 ans d’agression sous la loupe des jeunes panafricanistes

 


Les travaux du Congrès panafricain des jeunes pour un éveil patriotique se sont poursuivis ce mardi au Centre culturel et artistique pour les pays d’Afrique centrale à Kinshasa. Après une première journée dédiée aux pères fondateurs du panafricanisme, cette deuxième session a abordé en profondeur le thème : « Autopsie de 30 ans d’agression rwandaise », dans une salle toujours marquée par une forte mobilisation estudiantine, notamment des membres de la REC.

Tour à tour, des intervenants de haut niveau ont pris la parole pour éclairer les jeunes sur les différentes facettes de cette agression prolongée qui affecte la République démocratique du Congo depuis les années 1990.

Le professeur Floribert Ntungila a ouvert les échanges en déplorant l’absence d’un véritable agenda économique et social dans les discussions régionales et internationales depuis le génocide rwandais de 1994. Selon lui, cette négligence a eu un impact dévastateur sur le tissu économique congolais, affaibli par des décennies de conflits, d’insécurité et d’occupation étrangère.

Le professeur Désiré Konga s’est penché sur les conséquences écologiques de la présence prolongée des réfugiés rwandais en RDC. Il a mis en lumière le pillage des forêts congolaises orchestré par l’armée rwandaise, affirmant que celles-ci sont aujourd’hui non seulement exploitées illégalement, mais aussi transformées en zones d’entraînement militaire, inaccessibles aux populations locales et gravement touchées par les effets destructeurs des missiles.

Dans un autre registre, le professeur Luzolo Bambi Lessa a proposé une réflexion autour de la justice transitionnelle, à travers le sous-thème : « La justice transitionnelle face aux 30 ans d’agression rwandaise ». Il a insisté sur les quatre piliers essentiels de cette justice : la vérité, la justice (avec poursuites judiciaires), la réparation et les garanties de non-répétition via des réformes structurelles. Pour lui, seule une approche globale peut mener à une véritable réconciliation et à une paix durable.

Le professeur Joséphine Bitota Muamba, quant à elle, a partagé une expérience concrète : celle de la Commission provinciale vérité et réconciliation du Kasaï central, créée pour résoudre les séquelles du conflit lié au phénomène Kamuena Nsampu. Elle a présenté cet exemple comme un modèle de justice communautaire applicable à d’autres régions.

Sur une note plus militante, l’activiste panafricaniste Christian Nsung a lancé un appel vibrant à la jeunesse congolaise et africaine à s’engager pour l’éveil patriotique, condition sine qua non d’un changement de paradigme.

La perspective internationale a été abordée par le député sud-africain Nkosi Mandela, petit-fils de Nelson Mandela, qui a livré une analyse extérieure de ces 30 années de crises, soulignant les ambivalences du regard international sur l’agression subie par la RDC et appelant à une solidarité panafricaine renforcée.

Enfin, Mfumu Nkusu, chef spirituel du mouvement Vuvamu, est remonté jusqu’à la Conférence de Berlin de 1885, qu’il considère comme la racine des malheurs africains. « Ceux qui ont partagé l’Afrique sont à l’origine de nos divisions actuelles », a-t-il déclaré, appelant à une renaissance basée sur l’unité et la souveraineté spirituelle et politique des peuples africains.

La clôture des travaux est annoncée pour ce mercredi 2 juillet 2025, dans un contexte de grande effervescence intellectuelle et militante. Ce congrès, placé sous le signe de la conscientisation patriotique, pourrait bien marquer une nouvelle étape dans la construction d’une jeunesse panafricaine éveillée et engagée.

Charles Masudi

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