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Sport congolais : des millions pour Monaco, des miettes pour les athlètes nationaux

En République démocratique du Congo, une question dérangeante revient avec insistance dans les milieux sportifs : pourquoi les dossiers impliquant des millions de dollars sont-ils systématiquement validés, tandis que ceux réclamant des montants modestes sont rejetés au nom du manque de moyens ?

Pour nombre d’observateurs, cette logique illustre une mauvaise gouvernance persistante. Le cas le plus emblématique reste le partenariat controversé entre la RDC et l’AS Monaco, évalué à plus de cinq millions de dollars, soit plus de la moitié du budget annuel global alloué au sport (estimé à 8 millions de dollars). Officiellement signé pour « vendre l’image du pays », ce contrat est jugé inutile, voire absurde, par de nombreux acteurs du secteur.

L’image du pays passe par ses propres champions

Des voix s’élèvent pour rappeler que la meilleure façon de promouvoir la RDC, c’est d’investir dans ses propres athlètes. À l’image de l’Arabie Saoudite, qui développe son championnat national à coup de milliards, la RDC pourrait bâtir une image forte et crédible en mettant les moyens dans la formation, l’encadrement et la valorisation de ses talents locaux.

Mais sur le terrain, c’est l’inverse qui se produit. Le Championnat d’Afrique des Nations (CHAN) a été maintenu et privilégié, tandis que d'autres disciplines, pourtant engagées dans des compétitions officielles, ont été laissées pour compte.

Une gestion jugée partisane et opaque

Selon plusieurs sources proches du ministère des Sports, le ministre Didier Budimbu favoriserait les dossiers des Léopards football, souvent traités avec célérité. La collaboration avec l’agence Mondial Match, réputée proche du sélectionneur Didier Desabre, soulève en outre des soupçons de surfacturations, au détriment du Trésor public.

Pendant ce temps, les véritables héros du sport congolais sont abandonnés. Luntadila, Mbo Nsomi et Masingeni, tous lutteurs médaillés au championnat d’Afrique 2022 à El Jadida, au Maroc, ont fini par changer de nationalité sportive pour représenter l’Angola, faute de reconnaissance de l’État congolais. Leurs successeurs, médaillés en 2025, attendent toujours primes et honneurs.

Les cas similaires se multiplient dans d’autres disciplines : karaté, judo, boxe… partout, les plaintes sont les mêmes.

Des millions pour des contrats, rien pour les médaillés

Le paradoxe est flagrant : des millions sont débloqués pour un contrat à Monaco, pendant que les médaillés nationaux ne reçoivent ni prime, ni soutien, ni même une reconnaissance officielle.

Le député national Serge Chembo Konde, ancien ministre des Sports, a récemment dénoncé publiquement cette dérive. Il estime que la stratégie actuelle ne sert ni le sport congolais ni l’intérêt général. Une opinion largement partagée dans les milieux sportifs.

Changer de cap, vite

Il est temps pour la RDC de redéfinir ses priorités. Le sport ne peut être un outil de communication vide de sens. Il doit devenir un levier de fierté nationale, d’unité et de rayonnement. Cela commence par un soutien réel à toutes les disciplines, par des primes dignes pour les athlètes, et par des partenariats qui servent la nation, non des intérêts particuliers.

La RDC ne doit pas vendre son image : elle doit la construire avec ses propres champions.

Rédaction
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