Type Here to Get Search Results !

Pas de prison pour l’adjudante star des FARDC : quand discipline rime avec proportionnalité

 Le tribunal militaire de garnison de Kinshasa/Gombe a rendu son verdict ce mercredi 29 octobre 2025 dans l’affaire opposant le ministère public à l’adjudante Sarah Ebabi Bonga, secrétaire au département sécurité de l’état-major du renseignement de la FARDC. Elle était poursuivie pour violation des consignes militaires relatives à la diffusion d’images en tenue. 


La décision : 12 mois deservitude pénale principale” assortis d’un sursis de 12 mois, ce qui signifie qu’elle évite l’emprisonnement tant qu’elle respecte les conditions du sursis. 

Les faits

Selon l’accusation, les faits remontent au 19 octobre 2025 : l’adjudante Ebabi s’est rendue à un studio photo sur le boulevard Sendwe, dans le quartier Matonge (commune de Kalamu), pour une séance dite “ save-the-date” en vue de son mariage. Elle y a posé en tenue militaire, aux côtés de son futur époux. Quelques jours plus tard, des photos et une vidéo la montrant en uniforme et échangeant un baiser sont devenues virales sur les réseaux sociaux. 

Le ministère public soutient que ces publications constituent une violation du télégramme du chef d’état-major général des FARDC, daté du 23 décembre 2021, lequel interdit aux militaires de s’afficher en tenue ou de publier des contenus susceptibles de porter atteinte à l’image de l’institution. 

En sa défense, l’adjudante a déclaré ne pas avoir eu l’intention de nuire à l’armée : “ Je sers l’armée avec amour depuis mes 19 ans. Ces images étaient destinées à célébrer un moment personnel, pas à humilier mon institution.” 

Le photographe du studio, Yannick Kayembe, entendu à la barre, a reconnu avoir publié la vidéo sans autorisation de la militaire, ce qui jette une lumière différente sur l’origine de la diffusion. 

Le réquisitoire et la condamnation

Le ministère public, représenté par le sous-lieutenant Lisalama, avait requis une peine de 10 ans de servitude pénale principale pour la prévenue, sans circonstances atténuantes. Il arguait le fait que l’adjudante serait “ coutumière” d’affichages en tenue sur les réseaux sociaux, et qu’elle aurait supprimé plusieurs vidéos lors de son interpellation. 

Le tribunal a toutefois opté pour une décision nettement plus mesurée : 12 mois de servitude pénale avec sursis, ce qui permet à l’intéressée de ne pas purger de peine de prison « à condition de bonne conduite pendant la durée du sursis.

La décision du tribunal militaire peut être interprétée sous plusieurs angles :

Un message disciplinaire : l’affaire rappelle que les consignes internes de la FARDC relatives à l’image des militaires sont prises au sérieux.

Un équilibre entre discipline et proportionnalité : en choisissant un sursis plutôt qu’un emprisonnement, la justice militaire a manifesté une certaine modération.

Une dimension symbolique pour les femmes militaires : l’adjudante Ebabi, jeune femme engagée dans l’armée, représente un modèle pour d’autres jeunes filles congolaises envisageant une carrière sous l’uniforme. Le fait que la peine suive avec sursis peut être perçu comme un signe que l’institution ne ferme pas la porte aux femmes mais les appelle à la responsabilité.

Question de vie privée vs devoir de réserve : cette affaire soulève le débat sur le droit à la vie privée des militaires face aux impératifs de la discipline militaire. Plusieurs associations féminines estiment que l’affaire présente un aspect de discrimination ou de traitement disproportionné.

L’affaire de l’adjudante Sarah Ebabi constitue un moment de réflexion pour les FARDC et pour la société congolaise : comment concilier l’engagement professionnel, l’image publique de l’armée et les droits individuels des militaires, notamment des femmes ? La justice a choisi d’éviter l’incarcération, ce qui peut être salué comme une décision sage dans un cas qui avait suscité un véritable tollé sur la toile.

Pour les milliers de jeunes filles congolaises qui regardent vers l’armée comme un champ d’engagement et de fierté, cette issue peut être une lueur d’espoir : l’appartenance aux FARDC reste possible, malgré les défis. Reste à voir comment cette affaire sera interprétée dans les pratiques quotidiennes et dans la communication institutionnelle de l’armée.


Le Tremplin 


Enregistrer un commentaire

0 Commentaires
* Please Don't Spam Here. All the Comments are Reviewed by Admin.

Below Post Ad