Le prêtre catholique Blaise Kanda, de la paroisse universitaire Notre-Dame de l’Espérance à Mbuji-Mayi, se retrouve récemment sous les projecteurs des réseaux sociaux, maintenant suite à un poste sur son compte X inspiré de l’Évangile de Luc (13, 10-17). Il évoque la guérison d’une femme courbée depuis 18 ans, un passage biblique qui a été interprété par certains internautes comme un parallèle entre les 18 ans de présidence de Joseph Kabila et les 7 ans de Félix Tshisekedi, valorisant ce dernier.
Cette lecture a suscité des réactions. Certains internautes accusent le prêtre de s’être rapproché du pouvoir en place, notamment en mettant en avant des réalisations comme la construction de l’Université de Mbuji-Mayi.
La critique la plus remarquée est venue de Félix Momat, vice-ministre honoraire au Budget et cadre du Front Commun pour le Congo (FCC), qui a exprimé son indignation sur X :
Quand un abbé troque l’encens contre la propagande, la chaire se mue en estrade et l’homélie en tract politique. Railler dix-huit ans de relèvement pour sept ans de naufrage, c’est renier à la fois la vérité et la décence. Et lorsque la Parole devient arme de clan, le prêtre cesse d’être pasteur pour devenir courtisan, repu à la mangeoire du clan qui confond la nation avec le royaume des siens.
Parallèlement, les évêques de la Conférence épiscopale nationale du Congo (CENCO) ont souvent publié des déclarations plus nuancées sur la gouvernance actuelle, déplorant la pauvreté, la corruption et la mauvaise gestion des ressources publiques. Le contraste entre ces prises de position et celle de l’abbé Kanda alimente la perception d’un prêtre se rapprochant du pouvoir en place, au risque d’entrer dans une zone grise entre mission spirituelle et engagement politique.
Cette controverse illustre la sensibilité des Congolais quant à la neutralité du clergé face à la gestion politique du pays, et pose la question de la frontière entre l’interprétation religieuse et la récupération politique des paroles sacrées.
Le Tremplin