Lors du briefing conjointement animé mercredi par le ministre de la Communication Patrick Muyaya et le ministre d’État, ministre de la Justice, Me Guillaume Ngefa Atondoko, un pavé a été lancé dans la mare : ce dernier a dénoncé avec vigueur l’existence d’une « mafia bien organisée » au sein des avocats recrutés par l’État congolais, évoquant de graves actes de corruption dans la gestion des dossiers judiciaires de la République. Certains de ces avocats, selon lui, collaboreraient avec les parties adverses, dans le seul but de faire condamner l’État à payer des millions de dollars américains.
Cette sortie médiatique du ministre de la Justice a suscité de nombreuses réactions, dont celle, particulièrement marquante, de Ferdinand Kambere, secrétaire permanent adjoint du Parti du Peuple pour la Reconstruction et la Démocratie (PPRD). Dans un long message relayé sur les réseaux sociaux, il salue le geste de Me Ngefa, tout en lançant une mise en garde claire au Président Félix Tshisekedi.
En lisant ce matin, dans les réseaux sociaux, ce qui est présenté comme dénonciation de la corruption des avocats de la République par le ministre d'État et ministre de la Justice, Me Guillaume NGEFA, je me dis en moi-même : Offfuuu!!! , s’exclame Ferdinand Kambere.
Rappelant l’héritage militant de Me Ngefa à l’époque de l’AZADHO, devenue ASADHO après la Conférence nationale souveraine, Kambere insiste sur le fait que ce dernier porte depuis des décennies le flambeau des droits de l’Homme et de l’État de droit. Il voit dans cette dénonciation publique un tournant majeur dans la lutte contre l’impunité et la corruption systémique qui gangrène les institutions congolaises.
Aujourd’hui, la dénonciation de la corruption des avocats de la République dans le procès contre l’ancien Président Joseph Kabila n’est pas un simple murmure : c’est le cri du dénouement de la crise congolaise.
Pour Kambere, si cette démarche est suivie d’actes concrets, elle pourrait amorcer la restauration du véritable ordre constitutionnel et l’émergence d’une administration publique apolitique, neutre et impartiale, telle que stipulée à l’article 193 de la Constitution congolaise.
Dans une charge directe à l’endroit du Chef de l’État, le secrétaire permanent adjoint du PPRD appelle Félix Tshisekedi à prendre ses responsabilités face à cette alerte :
Monsieur le Ministre de la Justice, votre rôle n’est pas de couvrir les dérives, mais d’alerter, de conseiller et de protéger la Constitution, comme vous venez de le faire. Si c'est vraiment votre position, alors sachez que l’Histoire retiendra votre courage comme un acte fondateur sur la voie de la consolidation d’un État de droit en RDC.
Kambere poursuit, interpellant sévèrement le président :
Quant à vous, Mr le Président Félix Tshisekedi : l’heure est venue de choisir. Ou vous écoutez cette alerte salutaire, et vous vous débarrassez des vautours et des tambourineurs qui vous enferment dans l’injustice, la division et la manipulation. Ou vous répétez l’erreur commise du temps de Tunda ya Kasende, en écartant la voix de la vérité. Mais alors, ce serait une erreur fatale.
Dans un parallèle historique audacieux, il compare la situation actuelle à celle de la fin du régime Mobutu, avertissant :
Ne marchez pas dans les pas de Mobutu dont la chute résonne encore dans nos mémoires. À sa chute, il a été abandonné seul, par tous ces mobutistes ! Nul ne pourra dire demain qu’il n’a pas été averti. Je suis parti !
Ce coup de tonnerre dans le ciel politique congolais pourrait avoir des conséquences profondes dans les jours à venir. Alors que le procès de l'ancien Président Joseph Kabila cristallise déjà les tensions, la dénonciation d'une corruption interne dans le camp de la République, cette fois par son propre ministre de la Justice, pourrait marquer le début d’un basculement politique et judiciaire majeur.
La balle est désormais dans le camp du Président Tshisekedi. Va-t-il écouter la voix de son ministre ? Ou cédera-t-il, une fois de plus, à la logique des clans ?
Le Tremplin