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Accord RDC-Rwanda : Mukwege dénonce un processus opaque

 Dans une déclaration à haute teneur politique et morale, le Dr Denis Mukwege, Prix Nobel de la paix et ancien candidat à l’élection présidentielle de 2023 en République démocratique du Congo (RDC), a exprimé un profond scepticisme face à l’accord de paix signé à Washington entre la RDC et le Rwanda. Il estime que ce texte, censé marquer une avancée diplomatique, pourrait au contraire prolonger la crise sécuritaire qui ravage l’Est congolais depuis plus de deux décennies.

Dans un ton solennel et alarmiste, le célèbre gynécologue a mis en garde contre un « accord de façade » qui ne tiendrait ni compte du droit international, ni de la réalité du terrain. “ Si nos autorités ne respectent ni la Constitution, ni le droit international, nous serons contraints d’appeler le peuple à une véritable révolution démocratique pour exiger de recouvrer notre souveraineté et notre intégrité territoriale ”, a-t-il déclaré.

Mukwege dénonce notamment l’approche bilatérale privilégiée par les États-Unis dans une crise qu’il qualifie de profondément régionale, impliquant plusieurs forces étrangères sur le territoire congolais, notamment ougandaises et burundaises et nourrie par des intérêts géostratégiques liés à l’économie mondiale.

“Une paix sans justice est une illusion”

L’accord signé en avril 2025 sous médiation américaine, avec l’implication du Qatar, prévoit la cessation des hostilités, le respect de l’intégrité territoriale, et l’arrêt du soutien aux groupes armés tels que les FDLR (côté congolais) et le M23 (côté rwandais). Mais pour Mukwege, cet engagement souffre d’un manque de transparence, d’exclusion d’acteurs clés, et surtout de l’absence d’un langage clair sur la responsabilité de l’agression.

“L’accord ne reconnaît pas que le Rwanda est un État agresseur, en dépit de ses violations répétées du droit international.” Il dénonce une clause qui permettrait à l’armée rwandaise de continuer à opérer en territoire congolais sous couvert d’un mécanisme de sécurité conjoint, une disposition contraire à la résolution 2773 du Conseil de sécurité de l’ONU exigeant un retrait immédiat et inconditionnel des forces étrangères.

Appel à une démarche multilatérale et à une justice internationale

Mukwege exhorte les partenaires de la RDC à revitaliser l’Accord-Cadre d’Addis-Abeba signé en 2013 et à convoquer une conférence internationale de haut niveau impliquant l’Union européenne, les pays garants (Belgique, France, Royaume-Uni, États-Unis), et les institutions régionales pour poser les bases d’un processus de paix plus inclusif.

Le Prix Nobel insiste : “Une paix juste et durable ne peut se faire à n’importe quel prix. Nous ne voulons plus de compromis qui sacrifient la justice sur l’autel d’un apaisement illusoire.”

Un avertissement solennel au peuple congolais

Dans une phrase qui résonne comme un cri d’alarme, Mukwege lance un appel direct à la population congolaise : “ Debout Congolais, et marche pour ta liberté !” Et de conclure avec gravité : “À défaut d’un changement profond de cap, les menaces existentielles auxquelles fait face notre Nation risquent de se réaliser. Et je ne sais pas s’il y aura encore de nombreuses occasions de célébrer notre fête nationale du 30 juin.”

À travers cette prise de parole, Denis Mukwege s’impose, une fois de plus, comme une voix morale incontournable dans le débat politique et sécuritaire en RDC, en appelant à rompre avec les compromis dangereux, à restaurer la souveraineté nationale, et à placer les droits des populations civiles au cœur de toute solution durable.



Rédaction 

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